Dépendance : de quelle société voulons-nous ? (2)
Société inclusive
Rosa Baov, internaute, écrit : « ma mère est atteinte de démence depuis l’âge de soixante-cinq ans, c’est jeune, elle m’a eue à quarante ans, c’est tard. Immigrée, sans famille, j’ai dû prendre en charge ma mère alors que je n’avais que vingt-cinq ans, j’ai terminé mes études comme j’ai pu pour, au final, ne jamais pouvoir exercer et répercuter mon manque à gagner sur mon mari qui soutient financièrement mon inactivité due à la charge que représente ma mère, y compris en institution. Entre les obligations alimentaires dues, les frais pour nourrir ma mère qui ne mange vraiment que si je suis présente, cela fait quinze ans que nous galérons. Quant aux professionnels de santé, cela n’a été que bataille pour leur faire comprendre le fonctionnement de ma mère et non l’inverse. Je suis carrément en mesure d’écrire un ouvrage sur la manière dont tourne une institution, un service de gériatrie… et ça ne serait pas beau à lire ». Florence Leduc répond : « pour être aidant, il faut bien prendre soin de soi, et on n’est pas obligé de tout faire. Bien sûr, c’est difficile d’avoir confiance dans le recours aux autres – maisons de retraite, institutions, personnes à domicile -, cela prend du temps de trouver les bonnes personnes, ça peut être douloureux, mais pour être aidant, il faut prendre soin de soi. Il faut savoir aussi que nous sommes dans une société où il y a de la solidarité. Des gens se retroussent les manches pour prendre soin de leurs concitoyens. Il faut aussi le dire de temps en temps ».
www.lemonde.fr, 9 février 2011.