Une séparation, d’Ashgar Farhadi (2)

Société inclusive

Date de rédaction :
25 mars 2011

Pour Philippe Azoury, de Libération, « le sujet même d’Une séparation doit porter sa technique d’écriture à son sommet : elle pose le mensonge contre le cas de conscience, examine toutes les facettes de l’arrangement avec soi-même et avec la loi. Tour à tour, ceux qui étaient vus comme les bons se transforment en monstre et, en distribuant les cartes de ce jeu de dupe, le cinéaste se transforme en virtuose du retournement de situation. Le problème est que cet art du triple salto dramaturgique conduit à un lumbago moral ». « Une minutieuse construction en plusieurs actes, une machinerie qui emporte deux familles, de deux milieux sociaux différents, dans le même tourbillon », écrit Adrien Gombeaud, des Echos. « Voilà un cinéma hyper-créatif, que la répression inspire », écrit Barbara Théate, du Journal du Dimanche : « le talent contre la censure ». A l’origine d’Une séparation, il y a l’image resurgie du passé : celle d’un jeune homme qui lave un vieil homme, en fait la photo du frère du cinéaste faisant la toilette à leur grand-père atteint de la maladie d’Alzheimer. « Mon frère s’est beaucoup occupé de lui. A sa mort, j’ai réalisé à quel point je me sentais coupable de ne pas en avoir fait autant », déclare Asghar Farhadi. De quelle séparation s’agit-il ? s’interroge Jean-Luc Douin, du Monde : du divorce entre classe aisée et classe populaire, entre traditions et modernité ? « La femme séparée, revenue soutenir un mari dont elle espère un retour de flamme conjugale, paye la caution qui évite à Nader de se retrouver derrière les barreaux, et négocie avec la femme voilée qui, de son côté, se débat entre mari revanchard et fidélité aux préceptes du Coran ». Le film a obtenu un Ours d’or à Berlin en février 2011, ainsi que deux récompenses collectives pour l’interprétation masculine et féminine.

http://bibliobs.nouvelobs.com/, www.lejdd.fr, 7 juin 2011. Le Monde, Libération, 8 juin 2011.