La vie enfouie. Peintures de malades d’Alzheimer, de Patrick Dewavrin et Bruno Sari, préface de Claude Roëls (1)

Société inclusive

Date de rédaction :
16 septembre 2011

Patrick Dewavrin est psychiatre et spécialiste de la maladie d’Alzheimer. Bruno Sari est artiste peintre. Il anime depuis 2003 des ateliers de peinture avec des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Claude Roëls est professeur de philosophie à l’Institut musulman de la Mosquée de Paris et en classes préparatoires, traduit Goethe et Heidegger, et s’intéresse au dialogue entre pensée et poésie. « Ce livre cherche à donner un autre regard sur les malades d’Alzheimer. Au travers de peintures et de récits, il témoigne de la vie enfouie qui anime ces malades, de la créativité dont ils font preuve. Ceux qui ont perdu la mémoire, du fond de leur détresse, peuvent encore nous faire signe et nous rendre attentifs ». Souvent, mais pas toujours, Bruno Sari « complète, d’un geste fulgurant, la peinture du malade. Et il note en même temps une parole saillante de celui-ci. Cette parole du malade répond à sa propre situation au moment de l’exécution de la peinture, ainsi qu’à la manière dont il voit son propre travail. Le geste final de Bruno, loin de déposséder le malade de sa peinture, lui permet de se l’approprier aussi pleinement que possible. Dans l’acte même de peindre, le malade se sent libre. Il est dans un présent où il y a présence », écrit Claude Roëls. Les personnes malades décrivent leurs peintures, en manière de haiku : « vu de face, on voit toujours le passé » ; « on ne peut pas éviter la souffrance, mais la tragédie est en option » ; « mon pinceau est plus fort que moi » ; « c’est moche, mais le principal c’est de ne plus avoir mal » ; « moi ? mais je ne suis pas là ! » ; « il faut prendre un point de repère, même s’il n’est pas agréable ! » ; « Faut pas avoir peur. Tu peins et tu es contente » ; « tout à l’heure, ça ne veut rien dire » ; « c’est quelqu’un, il est vide en dedans ». Bruno Sari interroge : « qu’est-ce que vous voulez comme couleur ? ». La personne malade répond : « une couleur pour partir d’ici ! ».

Dewavrin P et Sari B. La vie enfouie. Peintures de malades d’Alzheimer. Paris : Fleurus. 160 p. ISBN 978-2-2150-9805-8. www.fleuruseditions.com.