Grand lièvre, de Jean-Louis Murat
Société inclusive
Grand lièvre, récent opus du chanteur français, est « un album hanté par la disparition et l’effacement », écrit le chroniqueur québécois Alain Brunet, de La Presse. Un effacement qui est aussi celui de la mémoire du père du chanteur. Jean-Louis Murat explique : « alors que mes plus jeunes enfants structurent leur mémoire, mon père est en pleine déstructuration de la sienne. Parler à ton père qui te fait face et qui te dit qu’il a un fils sans le reconnaître, et puis aller chercher les enfants à l’école et les accompagner dans leurs devoirs : ma vie a été un peu comme ça pendant l’écriture des chansons. Je me suis vu coincé entre ces deux réalités extrêmes. Grand Lièvre est sorti de cette situation très inconfortable ». « J’aimerais vraiment créer un album carrément là-dessus. Cette fois, je n’ai pas eu le courage, c’était trop difficile. Mais… il y a là quelque chose de bouleversant et totalement original, vraiment inexploité en art. Il y a lieu d’y réfléchir intensément. Le sujet peut s’étendre, d’ailleurs, à d’autres pertes de mémoire : aujourd’hui, il y a l’Europe qui fait aussi sa maladie d’Alzheimer, qui oublie actuellement par où elle est passée. Étrangement aussi, les nouvelles technologies de l’environnement numérique me donnent l’impression d’amener quelque chose de mortifère ; perte de la maîtrise, perte de l’attention… Les forces de mort prennent le dessus », déclare Jean-Louis Murat.
www.cyberpresse.ca, 22 octobre 2011.