Les vieux ne veulent pas mourir (2)
Société inclusive
Les directives anticipées, selon la loi Leonetti sur la fin de vie, sont révocables à tout moment. Le médecin doit en tenir compte pour toute décision d’investigation, d’intervention ou de traitement. A la différence de l’Allemagne, le médecin n’est pas obligé de les suivre. Eric Favereau, de Libération, a interviewé Christian Hick, médecin, philosophe, et chercheur à l’Institut d’histoire et d’éthique de la médecine à l’Université de Cologne. En Allemagne, les directives anticipées existent dans la loi depuis 2009, et on estime que 7% à 14% de la population en a rédigé. Parmi elles, un quart des personnes ont plus de quatre-vingts ans. Une grande majorité de personnes n’en a pas rédigé, et ne compte pas le faire. En revanche, 85% des médecins les estiment utiles. Christian Hick explique : « en aucun cas, la personne ne peut demander une euthanasie active ; on peut refuser un traitement : il n’y a pas de droit de traitement du médecin, mais il y a une obligation médicale d’aider. Ensuite, tout doit toujours reposer sur le consentement du patient. Sur ce point, la jurisprudence allemande est intéressante, car elle reconnaît au patient le droit de prendre une décision même déraisonnable. Enfin, bien sûr, l’Etat interdit l’homicide, mais il ne peut pas interdire le suicide et a fortiori, il ne peut pas interdire une directive anticipée demandant la cessation d’un traitement vital ». Pour le chercheur, la diffusion du débat en France se heurte probablement à un « paternalisme médical » resté assez fort.
Libération, 11 octobre 2011.