Des êtres humains à part entière
Société inclusive
Richard Taylor, docteur en psychologie vivant avec les symptômes de la démence depuis plus de dix ans, écrit à propos des activités de réminiscence : « Je crois que la démence est d’abord et surtout le résultat de notre attention qui va de guingois (attention gone awry). Lorsque nous perdons notre concentration consciente, notre cerveau se remplit rapidement de ce que nous avons perdu, quelque chose qui rappelle le passé, parfois le cerveau y arrive, parfois il envoie des messages mitigés ». Les ateliers de réminiscence sont destinés à « donner à la plupart des personnes âgées quelque chose d’intéressant méritant d’y participer, plutôt que de rester en retrait dans son établissement. L’hippocampe est toujours aussi rétréci ou endommagé, mais d’autres parties du cerveau peuvent parfois suppléer à certaines fonctions exécutives. La démence va-t-elle pour autant aller et venir ? Non. Mais sommes-nous capables de dépasser les idées fausses et les piètres décisions que prend parfois chacun de nos cerveaux ? Oui ! Nous ne devons pas nier la démence pour honorer et soutenir notre individualisme, notre intégralité (wholeness). Nous ne voulons pas d’une pensée linéaire. La vie est plus facile pour tout le monde quand le cerveau se met en pilotage automatique. Nous sommes tous coupables de stigmatiser ce que nous n’aimons pas, ce qui nous effraie, ce que nous ne comprenons pas. Malheureusement, le terme de maladie d’Alzheimer est entaché de beaucoup de mythes, de mystifications, de mensonges (myths, hoaxes, lies) et d’appels à dons. Tout vient sous la même étiquette. Même lorsque des personnes réelles viennent prouver que ce que les autres pensent d’elles n’est pas vrai, on ne peut que s’étonner d’entendre ce type de commentaires : « Eh bien ! Ils peuvent penser et parler –pas tout le temps bien sûr. Ce que je vois doit être une exception à la règle à laquelle je crois ». Ce raisonnement ne laisse aucune chance aux personnes vivant avec une démence d’être acceptés comme des êtres humains à part entière. Ces gens tambourinent, chantent et parlent d’art, puis se retirent dans leur chambre, dans leur solitude, en attendant la prochaine activité.
Taylor R. Alzheimer’s From the inside out. Reports from between the ears and the heart and spirit of Richard Taylor, a person living with the symptoms of dementia. Novembre 2011. www.richardtaylorphd.com;