Visite au musée (2)
Échos d'ailleurs
Les visites durent une heure à une heure et demie. Les groupes s’arrêtent quinze à vingt minutes devant quatre ou cinq tableaux. La discussion, qui n’exige aucune connaissance artistique, s’installe autour de questions auxquelles chacun peut répondre, comme « que voyez-vous ? » ou « que pensez-vous des couleurs que l’artiste a utilisées ? ». La conversation se construit par couches successives, pour permettre aux participants de se sentir à l’aise et de sentir que leur participation est légitime. Le guide (docent) prend soin de bien regarder les personnes malades dans les yeux et de ne pas diriger une conversation à deux niveaux, l’une avec les aidants et l’autre avec les personnes malades.
Chaque personne du groupe est considérée sur un pied d’égalité. A un certain moment de la visite, le guide donne un sujet, par exemple : « qui mettriez-vous dans ce tableau, et à quel endroit ? » et demande aux participants : « retournez-vous et parlez !» (turn and talk). De cette façon, les personnes les plus timides, ou celles qui ne peuvent se projeter, sont encouragées à parler. « Elles n’ont pas à se déplacer, elles doivent juste retourner leur chaises. C’est du lien social. Ce qui est fascinant, c’est qu’elles ne suivent pas toujours les consignes. Mais il y a beaucoup de partage et de rire ». Les effets sont apparemment durables. Kathe Patrinos, guide, n’est pas venue durant un mois. Une personne malade, en fauteuil roulant, l’apostrophe : « j’étais ici la dernière fois, mais pas vous ». Kathe Patrinos et l’équipe soignante en sont restés cois.
www.post-gazette.com, 27 décembre 2010.