Coordination et prévention de la dépendance : quitter les rivages de l’incantation
Droit des personnes malades
Pierre Gauthier, ancien directeur de l’action sociale et ancien directeur de l’agence régionale de l’hospitalisation de Midi-Pyrénées, est sarcastique : « cela fait trente ans que l’on essaie de faire de la coordination et dix qu’on sait que ça ne marche pas, sauf exceptions ». « Pourquoi, alors que tous s’accordent pour voir dans la coordination et la prévention quelque chose d’essentiel, les progrès en la matière sont-ils aussi lents ? Comment quitter les rivages de l’incantation ? » s’interroge le Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie, qui souhaite passer « d’une médecine reposant sur des séries d’actes sans lien entre eux à une médecine de parcours ». Le HCAAM propose quatre axes prioritaires d’actions « à engager sans tarder » : produire et utiliser des données cliniques, sociales et financières réellement transversales, sachant prendre en compte les marqueurs de comorbidité, en impliquant les professionnels de santé dans leur recueil, et en veillant à leur communication partagée, dans le respect de leurs compétences propres, entre tous les professionnels associés au parcours d’une personne âgée en perte d’autonomie ; développer et diffuser des outils d’évaluation des besoins individuels et d’aide à la pratique clinique qui intègrent la dimension pluridisciplinaire du soin, prennent en compte l’environnement social des personnes et permettent d’intégrer dans la décision soignante les attentes de la personne et de son entourage ; s’appuyer sur une mobilisation locale « au plus près du terrain », en veillant à retenir des territoires pertinents appuyés sur les bassins de vie, y compris lorsqu’ils sont de taille modeste, et conforter à cette fin le rôle et la capacité de coordination et d’animation des ARS (Agences régionales de la santé), faire évoluer les modes de rémunération de façon à ce qu’ils favorisent une pratique de soins coordonnés, et à tout le moins n’y fassent jamais obstacle ; poursuivre le travail engagé en faveur de tarifications qui reposent moins sur l’opérateur et plus sur la mesure du besoin d’aides et de soins de la personne ». Le HCAAM préconise de lancer des opérations pilotes au niveau local : en effet, prendre sérieusement en compte la dimension de perte d’autonomie dans l’acte soignant ne peut pas être neutre sur l’organisation du système de soins. Les « axes prioritaires » de réforme sont susceptibles de questionner des habitudes de travail, d’obliger à des évolutions dans la réglementation tarifaire, de faire revisiter des périmètres de compétences.
Actualités sociales hebdomadaires, 1er juillet 2011. Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie. Assurance maladie et perte d’autonomie, 23 juin 2011. www.securite-sociale.fr/institutions/hcaam/rapport2011/.