Immigration : les migrants âgés (1)
Droit des personnes malades
« Santé prématurément dégradée, problème d’accès aux droits et aux soins, auxquels s’ajoutent fréquemment un grand isolement et de mauvaises conditions de logement : être immigré et âgé, c’est un peu la double peine », écrit Caroline Helfter dans Actualités sociales hebdomadaires. Selon la définition du Haut conseil à l’intégration, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Même les immigrés ayant acquis la nationalité française durant leur séjour sont considérés comme appartenant à la population immigrée. En 2008, l’INSEE comptait 1.68 million d’immigrés âgés de cinquante-cinq ans et plus, dont huit cent soixante-cinq mille issus de l’Union européenne et huit cent onze mille de pays tiers. Parmi ces derniers, 61% viennent du Maghreb (49% d’Algérie, 35% du Maroc, 16% de Tunisie). Environ 6% des immigrés non communautaires vivent dans des centres de moyen ou long séjour, qui disposent de cent dix mille places en foyer de travailleurs migrants et de résidences sociales, places occupées à 95% par des hommes isolés. 36% sont âgés de soixante ans et plus, 30% ont entre soixante et soixante-dix ans. 42% des immigrés de plus de cinquante-cinq ans non originaires de l’Union européenne sont des femmes. Ces dernières sont majoritaires au-delà de quatre-vingts ans. Alors que, depuis 1974, l’immigration se décline à partir du regroupement familial, on commence à peine à découvrir l’existence de ces migrantes vieillissantes et à se préoccuper de leurs conditions de vie. Cette génération « sous tutelle », aujourd’hui âgée de soixante à soixante-dix ans, va massivement entrer dans une vieillesse précaire. Pour Fatima Mezzouj, chargée de mission pour les personnes âgées immigrées au ministère de l’Intérieur, et Emmanuel Jovelin, sociologue, « leur intégration à la société d’accueil ne s’est pas faite par le travail, mais par l’intermédiaire de leurs enfants », et elles se retrouvent très isolées quand le mari décède ou que les enfants s’en vont, rejoignant les femmes seules à la suite d’un divorce ou d’une répudiation. Des acteurs de terrain s’emploient à les faire sortir de l’invisibilité, comme l’association Assfam en Ile-de-France et en Rhône-Alpes, qui développe des ateliers socio-linguistiques pour les faire sortir de l’isolement et « prendre langue avec le monde environnant ».
Actualités sociales hebdomadaires, 25 novembre 2011. Jovelin E et Mezzouj F. Sociologie des immigrés âgés. D’une présence (im)possible au retour (im)possible. Paris : Editions du Cygne. 2010. ISBN : 978-2-84924-202-5. www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-sociologie-immigres-ages.html.