Euthanasie : le débat au Sénat (3)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 janvier 2011

Médecin et docteur en éthique, Jean-Louis Lorrain, sénateur UMP du Haut-Rhin, écrit : « j’ai honte pour le Sénat. Il ne s’agit pas d’indignation mais de honte devant la faiblesse de la réflexion, la précipitation de l’offre de textes, devant les conséquences induites non maîtrisées. Faire de l’acte de mort, comme proposé, un complément de soins palliatifs est une tentative d’atténuation de la responsabilité d’un agir compassionnel, émotionnel, qui n’a rien à voir avec une démarche humaniste. L’assistance médicale pour mourir ferait le pendant de l’assistance médicale à la procréation. Nous sommes dans la toute-puissance de la technique et du médical pour gérer notre vie ». L’euthanasie volontaire soutient la médicalisation de la mort, laissant aux exécutants (les médecins) la liberté de conscience. Cette volonté politique relève d’une vision totalitaire. Ce projet n’est qu’une étape, la suivante concernera la souffrance dans les démences, dans les états végétatifs. Les commandements catégoriques kantiens et hippocratiques ne peuvent être balayés même avec précaution. La confusion entre volonté et libre arbitre est entretenue. L’indignité de l’accueil des malades, la méconnaissance des moyens de lutte contre la douleur, de l’offre de service à la personne relèvent de la maltraitance. Ces arguments ne justifient pas le recours extrême ». Pour Jean-Louis Lorrain, les auteurs de la proposition de loi « veulent respecter les consciences mais se proposent de ne plus respecter la vie. Ils se gardent de parler de dignité, si difficile à définir. Le terme d’une vie ne peut se réduire au soin. IL est nécessaire de réaffirmer le non-abandon dans les situations les plus extrêmes, pour soi et pour les autres. L’eugénisme le plus sournois est celui demandé pour soi-même. La peine de mort pour soi, liée à un jugement de sa propre indignité, est fatale, non seulement pour soi, mais pour les autres. L’impératif d’une véritable politique moins de l’autonomie que de la dépendance doit s’imposer, conclut le sénateur ».

Dernières nouvelles d’Alsace, 23 janvier 2011.