Métiers de la gérontologie : spécialisation ou polyvalence ? (2)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
25 mars 2011

Le plan Alzheimer prévoit la création de nouveaux métiers, tels que les assistants de soins en gérontologie ou les gestionnaires de cas complexes : « les professionnels doivent se spécialiser pour être toujours plus efficaces, pour être en mesure de faire face à la maladie, aux besoins d’aide des aidants, ou encore pour assurer une fonction de référent en soins palliatifs, en prévention ou lutte contre l’incontinence, les chutes… », écrit Anne Mollier, ingénieur d’études et responsable de formation au Centre pluridisciplinaire de gérontologie de l’Université Pierre Mendès-France de Grenoble. Mais les fonds de formation sont mobilisés sur les obligations incontournables : procédures de sécurité, gestes et postures adéquats et indispensables à la protection des salariés, projets d’établissement, de service, de soin, d’animation… Ainsi, la formation pluridisciplinaire en gérontologie, qui apparaissait comme un ensemble de prérequis indispensables, a progressivement disparu des catalogues et des demandes de formation. Elle n’apparaît plus aujourd’hui comme une première étape indispensable à toute démarche de professionnalisation. La formation est désormais instrumentalisée au service d’une politique et d’une démarche et se doit d’être immédiatement opérationnelle. Mais ce calcul stratégique et économique s’avère contre-productif lorsqu’il s’agit de permettre aux professionnels de s’inscrire dans la durée, de trouver et de garder du sens à leur travail ou encore d’inventer de nouvelles réponses dans un contexte de plus en plus contraignant.

Si la qualification est la base de la reconnaissance des personnes qui vieillissent avec des incapacités importantes, faut-il pour autant « sur-spécialiser » les salariés du champ gérontologique et multiplier les professions chaque fois que l’on découvre un nouveau besoin, s’interroge quant à lui Bernard Ennuyer. « Sans doute que non », répond-il. « En revanche, il faut réfléchir à plus de polyvalence pour les salariés, polyvalence dans les fonctions et dans les publics, ce qui permettra une mobilité professionnelle plus grande et évitera que ne se développe dans ce champ le taylorisme (émiettement des tâches) qui le guette, au double détriment de salariés et des personnes aidées ».

Mollier A. La formation pluridisciplinaire en gérontologie : une condition pour une action cohérente et concertée qui transcende les cloisonnements nés de la professionnalisation. Documents Cleirppa 2011 ; 41 : 8-11. Février 2011. Ennuyer B. Gérontologie : quels métiers et quelles formations ? Comment y voir clair… ? Documents Cleirppa 2011 ; 41 : 3-7. Février 2011.