Dépendance : l’aide immigrée
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
En Italie, en 2010, les personnes âgées de soixante-cinq ans et plus représentaient 20.3% de la population et celles âgées de quatre-vingts ans et plus 5.8% de la population. La proportion de personnes âgées dépendantes était de 31%. A peine 2% des personnes âgées de soixante-cinq ans et plus sont pris en charge par des services organisés, avec une offre disparate selon les territoires. Au lieu de créer une prestation spécifique dépendance, l’Italie a choisi depuis une vingtaine d’années d’étendre aux personnes âgées dans leur ensemble une prestation jusque-là réservée aux personnes âgées handicapées (indennità di accompagnamenta), une prestation forfaitaire de 480 euros mensuels, financée par l’impôt. Il faut avoir besoin d’une aide 100% du temps. L’utilisation est laissée à l’appréciation des familles, dans le cadre d’une politique de libre choix. Mais quel choix lorsque les services n’existent pas ? Pour Blanche Le Bihan, chercheur en science politique à l’Ecole des hautes études en santé publique, la situation de l’Italie est particulière : les familles recrutent des femmes migrantes, issues des pays d’Europe de l’Est, essentiellement de Roumanie et de Moldavie. Cette main d’œuvre est employée au noir, ce qui permet une grande flexibilité des horaires et du temps de travail. Ces femmes, qui seraient entre six cent mille et huit cent mille à travailler en Italie, sont appelées les badanti (valets). Cette situation est tellement installée que les organismes caritatifs eux-mêmes orientent vers ces badanti les familles venant chercher de l’aide.
Le Lien, mars 2011.