Prise en charge sans contention (1)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Au sein de l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Challans (Vendée), une unité Alzheimer a fait de l’absence de contention l’un des axes majeurs de sa prise en charge. Reconnaissant au-delà de la maladie la personne humaine, elle privilégie l’autonomie de ses résidents. L’organisation de l’unité repose sur plusieurs principes fondamentaux : liberté d’aller et venir au sein de l’unité, de jour comme de nuit, liberté de parole, liberté dans le choix des activités ; possibilité de manger à toute heure et refuser de s’alimenter, avec comme limite la mise en danger vitale ; possibilité de se lever ou de se coucher à tout moment ; possibilité de refuser les soins (toilette, habillage, médicaments, actes infirmiers…) et ce que l’autre voudrait pour lui ; implication du résident et de sa famille dans la vie de l’unité (participation aux réunions de service…) ; accompagnement au cas par cas. Une telle organisation de l’espace de vie requiert un investissement important de la part des soignants, qui sont volontaires pour travailler dans l’unité, et qui peuvent à tout moment la quitter pour intégrer un autre service, à leur demande ou à celle de l’équipe de direction. Guillaume Ferré, psychologue clinicien, témoigne : « au sein de cette unité règne une ambiance souvent cacophonique. Une résidente interpelle un compagnon imaginaire dans le miroir, une autre reprend à la cantonade le même refrain, d’autres épluchent des pommes pour faire une salade de fruits. Une autre semble absorbée dans ses pensées, un bol de café entre des mains bien hésitantes. L’un crie, les autres résidents s’en plaignent… Une discussion s’organise. Les délires à plusieurs sont légion. Une solution en ressort : il faut essuyer la vaisselle. Coq-à-l’âne, trous dans la pensée, dissolution de l’image spéculaire, distorsion du temps et de l’espace, agitation psychomotrice, vide de la pensée, désinhibition sont leur quotidien ».
Ferré G. Exemple d’une prise en charge sans contention de sujets Alzheimer. Le Journal des psychologues, 2011 ; 287 : 40-41. Mai 2011.