Approches ethniques et culturelles Juillet 2011

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
10 juin 2011

Pour René Raguénès, formateur et spécialiste de l’aide à domicile, il est important que les pratiques professionnelles s’attachent à tenir compte des cultures, notamment la langue, parlée et/ou comprise par les personnes prises en soins  : « il y a un intérêt humain évident à reconnaître l’autre dans sa langue maternelle ». « Penhoas eo ? » (comment ça va ?) ; « Poan peus ? » (avez-vous mal ?). Dès les premiers mots qu’il prononce en breton, le physique s’éveille, la visage de la personne s’illumine, le sourire est radieux, la personne se redresse : « les personnes entendent une langue qui résonne pour elles ». René Raguénès a construit un lexique français/breton comprenant une centaine de phrases ou mots usuels, concernant l’accueil, le confort, la sécurité, les soins, l’alimentation, l’élimination, les différentes parties du corps et les métiers. « Utiliser le breton auprès de personnes souffrant de pathologies démentielles les anime et réveille quelque chose qui s’était éteint au plus profond d’elles et qui est ravivé par la langue maternelle », explique-t-il. A Lesneven, dans le Nord du Finistère, où l’Association de développement sanitaire crée une équipe mobile dans le cadre du plan Alzheimer, Solange, aide-soignante, comprend le breton, n’ose pas beaucoup le parler, mais l’utilise pour démarrer des conversations.

« Moin kail rangé caban la » (je vais faire le lit) : de l’autre côté de l’Atlantique, à Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane) Avy, auxiliaire de vie sociale, est une amérindienne originaire du Surinam, qui aide Mme A., âgée de cent-six ans, Martiniquaise et arrivée en Guyane après la catastrophe du volcan de la Soufrière. Pour éviter la monotonie des activités et sortir la personne aidée de son mutisme et obtenir sa coopération, Evy a demandé à la fille de la vieille dame de lui apprendre quelques mots du vieux créole antillais utilisé par sa mère, ainsi que des chansons. Depuis, il est possible de voir le visage de Mme A. s’illuminer, elle participe à la conversation et rigole. 

Doc’Alzheimer, avril-mai-juin 2011.