Orthophonie : approche psychanalytique
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Françoise Daikhowski a fermé son cabinet d’orthophonie pour se consacrer à la psychanalyse et à la formation sur la maladie d’Alzheimer. Selon elle, « nous devons nous appuyer sur le postulat que tout a du sens pour le malade Alzheimer mais que nous n’y accédons pas forcément. Parfois oui, et là les choses sont plus faciles. Même quand une personne a un comportement aberrant de l’extérieur, souvent associé à de la « folie », elle est en train de faire et de dire quelque chose, ce n’est pas n’importe quoi ». « Cette maladie d’Alzheimer est une maladie du lien, du lien à l’autre, c’est une maladie qui démunit le patient » et « où il perd sa place, comme si son identité dans la famille lui échappait ». Les orthophonistes libéraux qui prennent en charge des patients atteints de la maladie d’Alzheimer proposent un accompagnement difficile et peu classique. « Ce qui concerne la stimulation de la mémoire ne se situe pas au niveau d’un apprentissage, mais d’une mobilisation des capacités de la personne » : permettre à la personne de garder confiance en elle, de la valoriser, de la « valider » selon la méthode dite de validation de Naomi Feil, qui cherche à recréer des liens en mettant les émotions et le ressenti au cœur de la relation. « La stimulation cognitive classique de la mémoire, pourquoi pas, si cela se passe dans un moment d’échange, de communication et de plaisir, où la personne est entendue, mais ce n’est pas le principal », estime Françoise Daikhowski, pour qui chaque patient est différent et est un sujet à part entière avec une histoire singulière et vivante. « L’orthophoniste ne peut pas arriver avec un programme tout tracé, avec un projet, des tests ou des exercices, car il va être mis en échec par la personne en face qui risque de se replier ». L’accompagnement de l’aidant familial fait partie intégrante du travail orthophonique, notamment lorsqu’il est fait à domicile, tout comme le travail en réseau avec les autres intervenants.
Ortho Magazine, mars/avril 2011.