Animation : de la créativité à l’infantilisation ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
10 juin 2011

Bernadette Puijalon, anthropologue à l’Université Paris-Est Créteil, signe l’éditorial du numéro de juin 2011 de la revue Gérontologie et société, consacré à la créativité. « Révolte, consentement, reniement, renouvellement, chacun explore à sa façon cette terre inconnue, car si l’on parle toujours de l’expérience des vieux, l’on oublie trop souvent qu’aucun vieux n’a l’expérience du vieillir qui se dévoile chaque jour à lui, l’obligeant à une inventivité de tous les instants. La créativité, c’est aussi une manière d’être, de concevoir autrement la réalité du monde qui nous entoure », écrit-elle. L’anthropologue remet en cause la domination du « tout thérapeutique » qui envahit le champ entier de la gérontologie. « Pourquoi, lorsqu’on est vieux et malade, tous les aspects de la vie, notamment en EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), doivent-ils être étiquetés « thérapeutiques » : musicothérapie, orthothérapie, contothérapie, etc ? Pourquoi les professionnels doivent-ils justifier financièrement un atelier de conte ou le bénéfice d’un atelier musical en mesurant, par exemple, la diminution des déambulations ? Pourquoi le bon sens ne suffit-il pas à comprendre que ces moments servent avant tout à faire plaisir ? Lorsque nous y entrerons à notre tour, devons-nous envisager, en poursuivant la tendance jusqu’à l’absurde, que l’heure du déjeuner sera devenu un atelier de masticothérapie ? En regardant les activités répétitives et infantilisantes de beaucoup d’animations, il faut admettre que, dans ce domaine, nous avons beaucoup régressé ».

Puijalon B. Editorial. Gérontologie et société 2011 ; 137 : 8-11. Juin 2011.