La dépression de la personne âgée
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Si la douleur physique peut être aujourd’hui diagnostiquée, évaluée et traitée, qu’en est-il de sa douleur morale, de sa détresse et du « malheur de vivre » ? s’interroge Séverine Decayeux, cadre supérieur de santé à l’hôpital local du Faouët (Morbihan), qui coordonne un dossier de Soins Gérontologie consacré à la dépression, plaidant pour une approche commune du sujet entre les différents professionnels. « Les mots manquent souvent à la personne déprimée pour exprimer ses mots, que lui-même associe parfois à l’âge ». La dépression du sujet âgé s’exprime rarement par une plainte morale, et se manifeste plutôt par le corps et le comportement. « Mais, si le vieillissement est un processus normal et irrémédiable, la souffrance morale n’est pas une fatalité. Le rôle de chacun dans la prévention, le dépistage et le traitement est essentiel pour enrayer le phénomène. Si les professionnels de santé œuvrent pour diagnostiquer, proposer une offre de soins et suivre l’évolution des symptômes, l’entourage, la famille et les aidants doivent aussi être sensibilisés aux prodromes, aux discours et au vécu de la personne âgée. Il faut ouvrir des portes, savoir orienter la personne vers des solutions possibles : médecin traitant, consultations avancées, associations, partenariat avec les professionnels libéraux… L’institution se doit, dès l’accueil de la personne âgée et dès le début de la prise en soins, d’identifier son histoire et de faire émerger ce qui constitue ses habitudes de vie ».
Decayeux S. La dépression de la personne âgée. Pour une approche commune. Soins Gérontologie 2011 ; 91 : 15. Septembre-octobre 2011.