Sortira-t-on du temps en vieillissant ?
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Pour Geneviève Laroque, présidente de la Fondation nationale de gérontologie (FNG), « il y a deux mots qui polluent les discours et pèsent lourd dans les représentations. Le premier est « Alzheimer ». Certes, il ne faut pas nier la maladie : elle existe, elle est terrible pour le malade et son entourage mais elle ne frappe heureusement qu’une minorité de personnes. Le mot « aidant » me fait aussi réagir. Bien sûr, le rôle des proches aidants est essentiel et souvent très lourd à assumer. Mais les relations affectives et sociales des vieux ne sont pas limitées aux relations d’aide ! A partir de quel âge une personne n’a-t-elle plus de famille, plus d’amis, plus de commerçants mais uniquement des aidants ? Si j’ai quarante ans, je reçois une amie, nous bavardons autour d’un verre. Si j’en ai quatre-vingts, la même visite devient une intervention d’ « aidant ». C’est aberrant ! », voire « exaspérant et humiliant, à tort peut-être ». Geneviève Laroque explique : « ce que nous avons à développer aujourd’hui, c’est la combinaison entre un mode où l’on vit seul et autonome et un mode solidaire, où chacun donne et reçoit. Certes, en avançant en âge, on reçoit plus et le système de relations évolue : il rajeunit et les contemporains disparaissent. La personne se retrouve confrontée à d’autres systèmes de références. Mais attention ! On vit dans le même temps ! » Geneviève Laroque peste contre l’expression « de mon temps ». « Cela veut dire quoi ? De quel temps parle-t-on ? Sortira-t-on du temps en vieillissant » ?
Géroscopie pour les décideurs en gérontologie, octobre 2011.