La relation d’aide face au syndrome démentiel : une approche anthropologique
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Georges Arbuz est anthropologue au centre d’études gérontologiques ville-hôpital de l’hôpital Bretonneau (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) et membre de l’association La vie devant nous. Pour lui, « le médecin généraliste peut être très utile, à condition qu’il accepte d’élargir son rôle habituel pour prendre mieux en compte le vécu du patient et de ses proches, c’est-à-dire leurs représentations de ces pathologies, leur attitude face à la survenue de la maladie et à son évolution, et les difficultés qu’ils rencontrent ». « Pour nombre de nos contemporains, être atteint de la maladie d’Alzheimer, c’est porter la folie et la régression en soi. Il en résulte une attitude d’exclusion du malade et de ses aidants » : la société se protège en dressant autour d’eux un « cordon sanitaire qu’elle prend soin de ne pas transgresser ». Pour le médecin généraliste, « tout aussi importante que l’annonce du diagnostic est l’attitude à adopter pour instaurer une relation durable avec le patient et ses proches et pouvoir avoir ainsi une influence sur leurs décisions, leur apporter des informations utiles et être pour eux un soutien. Ceci implique pour le médecin de renoncer à s’en tenir au seul discours médical, d’accepter de se décentrer de son rôle habituel et de s’intéresser aux inquiétudes et aux questions du malade et de son accompagnant, d’attendre le moment opportun pour leur parler de la maladie dans des termes qu’il peuvent accepter et d’obtenir leur assentiment avant d’orienter le patient vers une consultation spécialisée pour une évaluation. Après quelques années d’exercice de la médecine, une réactualisation de sa pratique d’entretien et d’écoute peut être nécessaire. Lorsque le médecin prend en compte ce qu’il lui est dit, accepte le cadre de référence des familles, celles-ci peuvent en faire un allié et un soutien, le considérer comme quelqu’un qui comprend ce qu’elles vivent et dont elles suivront plus facilement les conseils ».
Arbuz G. La relation d’aide face au syndrome démentiel. Soins gérontologie 2011 ; 92 : 13-17. Novembre-décembre 2011.