Expériences musicales en ergothérapie (1)
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Pour Sylvie Blondel, musicothérapeute à DomusVi, « la musique est à la fois une création (une œuvre d’art), une représentation, et aussi un mode de communication. Elle peut utiliser des objets divers, le corps, ma voix, mais aussi des instruments de musique conçus spécialement. Elle est évanescente : elle n’existe que dans l’instant de sa perception qui doit en reconstituer son unité dans la durée. C’est sur ces bases que se fondent les différents ateliers thérapeutiques musicaux proposés en ergothérapie à la résidence Saint-Exupéry de Marmande (Lot-et-Garonne). Mme S., qui souffre d’amusie congénitale (incapacité d’entendre la musique, touchant 1 à 4% de la population), découvre et redécouvre les morceaux à chaque atelier. Ils paraissent, pour elle, être une réelle langue étrangère. Elle souffre aussi d’une véritable arythmie (surdité rythmique), mais cela n’enlève rien à son plaisir de participer et « d’apprivoiser cette bizarrerie » : « j’y arriverai, il faut le temps », dit-elle avec un grand sourire. D’autres résidents, souffrant de démences avancées, vont présenter des signes d’amusie sans aphasie. Ainsi, Mme D. ne supporte pas les formations musicales dépassant le trio : un orchestre symphonique est pour elle un amas de sons qu’elle est incapable d’analyser. « Oh la la c’est pas possible », dit-elle avec un visage grimaçant. « Pour comprendre, on peut s’imaginer écouter trois airs symphoniques différents superposés : plus d’une personne fuirait, moi la première », explique l’ergothérapeute. Enfin, il faut prendre en compte les personnes malentendantes qui peuvent présenter des hyperacousies. Pour ces dernières, les sons entendus ne sont qu’un brouhaha musical.
Animagines 64 : 11-15. Décembre 2010