Diagnostic préclinique : les limites des biomarqueurs (2)

Recherche

Date de rédaction :
17 décembre 2011

Quelle est la valeur prédictive des biomarqueurs ? Une étude suédoise, coordonnée par l’équipe du Professeur Oskar Hansson de l’Université de Lund, et menée auprès de cent trente-sept personnes atteintes de déficit cognitif léger suivies pendant neuf ans, avec recherche des biomarqueurs tau et protéine amyloïde abêta-42 dans le liquide céphalo-rachidien, montre que 53.7% des personnes ont développé une maladie d’Alzheimer durant l’étude et 15.7% une autre forme de démence. La valeur prédictive positive est de 91% (probabilité de survenue réelle d’une maladie d’Alzheimer avec biomarqueurs pathologiques à l’inclusion) et la valeur prédictive négative de 86% (probabilité qu’il n’y ait pas de survenue de la maladie d’Alzheimer avec biomarqueurs non pathologiques à l’inclusion).  L’altération du métabolisme de la protéine amyloïde abêta-42 est observée au moins cinq à dix ans avant la conversion vers une démence clinique, alors que la protéine tau totale et la protéine tau phosphorylée semblent être des marqueurs plus tardifs de la neuro-dégénérescence. Pour Oskar Hansson, il est important de mener les essais cliniques plus tôt pour espérer observer un effet des médicaments sur le cours de la maladie : « tous les essais thérapeutiques prospectifs ont jusqu’à présent échoué à arrêter la maladie, et de nombreuses personnes s’inquiètent de ce que les laboratoires pharmaceutiques puissent arrêter d’investir dans ce domaine. Mais ces échecs pourraient s’expliquer par l’administration trop tardive de médicaments. Lorsqu’un patient est diagnostiqué aujourd’hui, le dommage est déjà irréversible ».

Buchhave P et al. Cerebrospinal Fluid Levels of β-Amyloid 1-42, but Not of Tau, Are Fully Changed Already 5 to 10 Years Before the Onset of Alzheimer Dementia. Arch Gen Psychiatry 2012 ; 69(1): 98-106.Janvier 2012. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22213792. www.nlm.nih.gov/medlineplus/news/fullstory_120337.html, 3 janvier 2012.