Ultime amour, de Serge Rezvani
Société inclusive
« Mourir en ayant compris qu’il n’y a rien à comprendre si ce n’est que l’humain a inscrit à même le ciel le plus beau d’entre les signes : le point d’interrogation ». Après une quarantaine de romans et récits, de pièces de théâtre, de chansons, poésies, essais, traductions, Serge Rezvani, âgé de quatre-vingt-trois ans, publie Ultime amour, « récit terrible de ces derniers moments et témoignage de la reconnaissance infinie envers celle qui l’a tiré par la main », Lula, la compagne de sa vie pendant plus de cinquante ans, lentement détruite, éteinte, effacée par la maladie d’Alzheimer. « Le point final à ma longue exploration du singulier », dit l’écrivain. Pour Xavier Houssin, du Monde, « Ultime amour est un impitoyable réquisitoire contre les profiteurs, les prédateurs du malheur. Ces « braves gens » auxquels on se soumet, faute de pouvoir affronter seul la situation, et qui se révèlent d’inquiétants voleurs. Ces voisins, ces amis qui vous abandonnent, ou pis, ceux qu’on imaginait les plus fidèles, qui s’emparent de votre désarroi. « La longue maladie de ma Lula, qui avait fini par m’enlever toute réaction de défense, avait autorisé ceux qui m’entouraient à me considérer comme quelqu’un de fini. J’étais intérieurement mort. Donc à la merci de la « gentillesse » de ceux qui croisaient mon chemin », écrit Serge Rezvani. On ne lui pardonne alors rien, rappelle Xavier Houssin : ni un roman vengeur (Le Dresseur, Cherche-Midi, 2009) qu’il a rédigé rageusement pour « laver le poison de ces temps-là », ni sa renaissance amoureuse avec l’actrice Marie-José Nat.
Rezvani S. Ultime amour. Paris : Belles-Lettres. Janvier 2012. 149 p. ISBN : 978-2-251-44430-7. Le Monde, 24 février 2012.