Un peu de poésie

Société inclusive

Date de rédaction :
16 février 2012

Try to Remember (essayez de vous souvenir) est une intervention poétique destinée aux personnes atteintes de démence, mise en œuvre dans trois maisons de retraite et un accueil de jour dans le Gloucestershire, un comté rural du sud-ouest de l’Angleterre, auprès de quatre-vingt-deux personnes malades (quarante-huit au stade léger à modéré, trente-quatre au stade sévère) et trente-cinq professionnels. L’intervention se compose de trois parties : des séances de réminiscence durant laquelle un poète (Karen Hayes) enregistre les résidents et utilise les mots pour créer des poèmes ; des séances de relecture avec les personnes malades, le personnel et les médecins généralistes ; et des ateliers de formation du personnel. Que dit le poème co-écrit par Karen Hayes et Joan Lacey, personne malade ? « Qui êtes-vous ? Et d’où venez-vous ? Peu importe (never mind). Je n’ai pas le temps pour ça. Je dois trouver qui je suis et d’où je viens. J’ai tout oublié. Je n’aime pas crier. Je ne voulais pas crier. Je n’aime pas qu’il y ait du bruit, et je fais plus de bruit que tout le monde. Où vais-je ? Mon esprit s’est éloigné (wandered off). Je ne veux pas m’en aller, je ne veux pas m’en aller, je ne sais pas où j’étais. C’est un étrange sentiment, me demander qui je suis (wondering who I am) ». Trevor Richards et Karen Hayes ont écrit : « Comment savez-vous que c’est moi ? C’était il y a longtemps. Une photo prise en 1940. A l’époque, j’étais insouciant (happy-go-lucky). J’étais un jeune garçon quand je suis venu ici. Le vieux caractère (old temper) change. C’est beaucoup de frustration. Un exercice vain (pointless), une durée brève, une seconde pour relâcher. C’est l’intérieur qui change. Je n’ai pas beaucoup d’intérêt. La politique qui était si importante pour vous à l’époque, juste une période d’indifférence maintenant. Je vieillis (I’m growing old-littéralement : je grandis vieux). Le temps s’écoule sans une pensée pour les pauvres diables comme moi ». Pour les initiateurs du projet, il s’agit de « restaurer la personnalité (personhood) chez des personnes dont l’identité est transformée presque au-delà de toute reconnaissance ». Pour Helen Gregory, chargée de cours en psychologie à l’Université de Gloucester, l’évaluation d’un tel projet est difficile. « C’est l’exemple parfait de la façon dont la pratique prend une forme humaine qui ne correspond à aucun modèle scientifique ». 

Gregory H et al. Poetry in dementia care : overcoming the challenges. J Dementia Care 2012; 20-23. Mars-avril 2012.