Impermanence, mort, séparation et continuité : don du corps en Inde

Société inclusive

Date de rédaction :
21 mai 2012

Swapna Kishore vient de perdre sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer, et dont elle s’occupait depuis plus de dix ans. Elle continue à tenir son journal, qu’elle publie sur son site Internet. Selon le souhait de la défunte, elle a donné toutes les parties du corps qu’elle a pu, pour la recherche ou l’enseignement. « Ces dons divers ont donné une fin digne, respectueuse et réconfortante à une vie torturée (racked) par les difficultés et la dégradation depuis des années. Ma mère avait l’air paisible, c’était la sorte de fin qu’elle avait toujours voulue, et je suis heureuse d’avoir pu respecter ses souhaits », écrit-elle. « Les yeux de ma mère n’ont probablement jamais été aussi beaux que lorsqu’ils ont été offerts pour que d’autres puissent voir ». « J’ai su au moment où j’ai signé les formulaires de consentement que je ne le regretterais jamais. Cette expérience était si sacrée et si réconfortante que toutes les autres formes de séparation (closures) devenaient dérisoires en comparaison. Lorsque mon père est mort voici quatorze ans, j’avais accompli les derniers rites de façon religieuse. Etant fille unique, et bien que je sois une femme, j’ai fait ce que seuls les fils sont supposés faire, comme le petit coup sur le crâne qui est censé libérer l’âme. Nous avions choisi une version abrégée du processus traditionnel, mais nous avons passé des jours à faire des achats spéciaux sur des marchés spécialisés, à coordonner l’emploi du temps des prêtres, avec l’immersion des cendres, la cérémonie du feu purificateur (havan), les réunions de prière. Cette expérience, qui était censée apporter la séparation et la paix, semblait parfois surréaliste, parfois commerciale à outrance. Cela m’a laissée malheureuse, désorientée et déprimée, d’une part en raison du matérialisme sordide de certains religieux ou commerçants qui tentaient de se disputer tout ce qu’ils pouvaient, parfois de tricher, et d’autre part parce que tout le processus était rempli de tristesse et de rappels de la tristesse. Au contraire, je me suis sentie heureuse et soulagée lors du décès de ma mère, qui avait toujours voulu être utile, que ses ennuis extrêmes de santé avaient laissé incapable de communiquer, et qui a terminé son voyage en accord avec ses croyances et sa vie, entourée de respect et de considération : une fin qui convient à une grande vie (a fitting end to a great life) ».