La carte Alzheimer se joue de moi
Société inclusive
« Quelqu’un m’a accusé un jour de « jouer la carte Alzheimer » ! tonne Richard « Vingt dieux ! (hells bells !) : c’est moi la carte Alzheimer, et c’est elle qui se joue de moi ! Je ne fais pas semblant d’être atteint de démence, probablement de type Alzheimer. Et la démence fait partie de moi. Elle a remplacé d’autres parties de moi. C’est vrai, parfois on dirait qu’elle va et qu’elle vient. C’est vrai, je sais de moins en moins si elle est là ou non, même si quelqu’un me le fait remarquer. C’est faux de dire que je l’instrumentalise comme je veux. Ce n’est pas quelque chose qui se prête à un contrôle extérieur. Je peux continuer à créer des environnements riches en activités, en personnes et en buts (purpose). Dans ces environnements enrichis,la démence est supprimée par mes forces bien au-delà de ma connaissance ou de ma maîtrise consciente. En fait, il y a des moments où je veux simplement lâcher prise (let go) et laisser la démence m’utiliser comme elle veut, selon ses propres besoins. Cela demande parfois trop d’efforts, trop de réflexion, trop d’attention. Pourquoi ne pas se reposer et humer les souvenirs comme ils passent, et qui ne reviendront jamais sous la même forme ? Pourquoi se battre contre la municipalité, le système, les leaders auto-proclamés et la maladie chronique, alors que je sais qu’à la fin, ce sera ma fin ? Peut-être s’agit-il d’un bref moment de déprime. Demain sera un nouveau jour. Je peux/je veux être une nouvelle personne, une personne différente, peut-être qui j’étais (my old self), mais jamais qui j’étais il y a très longtemps (my old, old self). Peut-être, peut-être », écrit Richard Taylor.
Alzheimer From The Inside Out, juin 2012.