Une collection de vêtements créée par des personnes malades

Société inclusive

Date de rédaction :
19 juin 2012

Une dizaine de résidentes de l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) d’Haubourdin (Nord), ont défilé devant une centaine de spectateurs pour présenter la collection de vêtements qu’elles ont dessinés et confectionnés. L’idée de ce défilé est venue d’un colloque en novembre 2011 sur les approches non médicamenteuses de la maladie d’Alzheimer, explique Christelle Lepers, aide médico-psychologique : « cette approche a l’avantage de créer un projet sur la durée, avec la confection des vêtements. Mais ce qui est vraiment différent, c’est que par le défilé, on travaille sur l’estime de soi, la mise en confiance face aux autres, l’approche, la conscience du corps aussi, s’en trouve changée ». Ce défilé a été l’occasion de réunir les familles, car beaucoup d’enfants et petits-enfants de résidents ne voulaient pas manquer l’événement. « Je suis contente que ça soit fini » s’exclame Lorraine, quatre-vingt-trois ans. Rayonnante, elle a du mal à trouver ses mots, pas en raison de la maladie d’Alzheimer, mais de l’émotion. À côté d’elle, son fils Patrice, encore étonné de voir sa maman à ce point métamorphosée. Pas de doute, l’expérience qu’elle vient de vivre restera gravée longtemps dans sa mémoire parfois défaillante. Il faut d’ailleurs qu’elle retrouve ses esprits pour répondre aux questions. Pour parler, elle a besoin aussi du regard bienveillant de l’aide médico-psychologique, comme si elle avait peur de dire des bêtises. « Si je savais coudre ? Oui, un peu ». Elle n’avait jamais défilé, ni porté de vêtements de mode. « Me sentir belle ? Je ne sais pas. Non. Mais j’étais contente de tenir la main d’une si jolie petite fille » ose-t-elle d’un ton timide. Les applaudissements enfin, « oui, je les ai entendus, ils étaient contents ». L’ancienne ouvrière dans le textile est toute fière dans sa robe blanche du défilé final. « C’est cela que nous recherchions. Vous n’avez pas idée de l’impact à long terme que ce genre de projets peut avoir », estime Nathalie Declercq, cadre de santé.

www.lavoixdunord.fr, 20 juin 2012.