Village Alzheimer : libres résidents

Société inclusive

Date de rédaction :
01 septembre 2012

« C’est un charmant hameau d’un hectare et demi aux ruelles fleuries, avec ses vingt-trois maisonnettes de brique rouge bordées de terrasses, sa supérette, son café, son restaurant, son théâtre et même son salon de coiffure. Une volée de moineaux vient s’abreuver à la fontaine, sous le regard enchanté de vieillards assis sous les tilleuls », écrit Stéphane Kovacs, du Figaro. « Le mot d’ordre, ici, c’est la sérénité, explique Jannette Spiering, directrice du village Alzheimer d’Hogewey (groupe de santé Vivium, Pays-Bas). « Nos cent cinquante-deux résidents sont libres d’aller et de venir, dans une atmosphère totalement exempte d’anxiété ». Dès les premières semaines, leur état s’améliore : plus calmes, ils n’ont plus autant besoin de médicaments. Et peu importe si telle pensionnaire se promène en chaussons, emmitouflée dans un anorak rouge en cette belle journée d’été. Dans ce village où la démence est plus douce, « chacun fait ce qui lui plaît ». « Parce que le cerveau ne fonctionne plus normalement, les sensations, les odeurs, les sons sont très importants». « C’est comme un théâtre ». Sept ambiances différentes ont été recréées pour répartir les pensionnaires selon leurs goûts et le mode de vie qu’ils ont connu plus jeunes. Les amateurs de littérature et d’art, par exemple, sont logés dans le quartier « culturel », les « chrétiens » organisent des groupes de prière, tandis que la maison des « Indonésiens », derrière une forêt de bambous, laisse s’échapper des effluves d’épices. Des réunions de clubs hebdomadaires permettent à tous de se retrouver pour un concert, pour peindre ou pour faire un gâteau ». Si les résidents s’égarent, ils ne manqueront pas de tomber sur un « villageois » prévenant qui les aidera à rentrer chez eux. Car, de la caissière au serveur, en passant par la femme de ménage, les deux cent cinquante membres du personnel sont en fait des infirmiers ou des spécialistes, incognito. Quelque cent vingt bénévoles, pour la plupart des retraités, complètent le dispositif : eux aussi ont besoin de rencontrer des gens… Cette qualité de vie a un coût : cinq mille cinq cents euros par personne et par mois, entièrement pris en charge par la Sécurité sociale. La liste d’attente est de près d’un an. Le village a fait l’objet de plusieurs reportages de la presse internationale. Swisscommunity.org, la plateforme des Suisses de l’étranger, écrit : « il y a de la dignité dans cet endroit ». Psychology Today parle d’un « lieu de vie normal et heureux ». La chaîne de télévision américaine ABC News indique que l’établissement critiqué pour avoir créé un monde de rêve (fantasy world) comparable à celui illustré dans le film The Truman Show ; le simple « rêve d’une vie ordinaire », écrit le Daily Mail britannique, qui appelle le village Dementiaville.