Alzheimer, la construction sociale d’une maladie, de Laëtitia Ngatcha-Ribert (1)

Société inclusive

Date de rédaction :
27 octobre 2012

 Il y a trente ans, on ne parlait pas, ou à peine, de la maladie d’Alzheimer. Aujourd’hui, elle a investi le langage courant. La sociologue Laëtitia Ngatcha-Ribert, chargée d’études au pôle Études et recherches de la Fondation Médéric Alzheimer, analyse le processus qui a permis à cette pathologie incurable de devenir un fait de société. Le terme de « démence sénile », devenu péjoratif, a progressivement disparu au profit de la seule appellation « maladie d’Alzheimer », jugée moins stigmatisante. L’inscription de la maladie dans le champ médical a été assez tardive : « l’autorisation de mise sur le marché de la Tacrine, le premier médicament destiné à la maladie d’Alzheimer, a constitué en 1994 un tournant décisif, même s’il ne s’agissait que de traiter les symptômes. Cette avancée a dédramatisé les choses et réhabilité le rôle des médecins, en particulier des neurologues et des gériatres, qui avaient enfin une thérapeutique à proposer. Jusque-là, une sorte de fatalisme médical entourait la maladie d’Alzheimer. Ce médicament, qui n’est plus utilisé aujourd’hui, a changé les représentations en introduisant l’idée qu’un traitement était possible avec le début d’un parcours de soins. Cela a, d’une certaine façon, déculpabilisé les familles, alors qu’à l’époque on pouvait chercher les causes de la maladie d’Alzheimer dans l’histoire familiale. L’un des aboutissements de ce processus a été son inscription en 2004 au sein des affections de longue durée. Elle est désormais reconnue comme une maladie chronique remboursée ».

Ngatcha-Ribert L. Alzheimer, la construction sociale d’une maladie. Paris : Dunod 2012 – 448 p. ISBN : 978-2-10056371-5. www.dunod.com/, octobre 2012. Actualités sociales hebdomadaires Magazine, 26 octobre 2012.