Le Père, de Florian Zeller Novembre 2012

Société inclusive

Date de rédaction :
27 octobre 2012

Dans Le Père, qu’a écrit pour lui Florian Zeller, Robert Hirsch est André : « veuf, vieil homme rugueux qui perd la mémoire sans vraiment s’en rendre compte et que sa fille Anne (Isabelle Gélinas) protège du mieux qu’elle peut, soutenue par son mari, Pierre (Patrick Catalifo) », écrit Armelle Héliot, du Figaro. « L’auteur procède par scènes brèves, ellipses et a composé la pièce sans respecter la chronologie. Il mime ainsi la confusion qui règne dans l’esprit de son héros, qui ne se souvient pas des faits immédiats et confond les époques ». Au cœur de ce tourbillon qu’il ne parvient pas à décrypter, « Robert Hirsch est exactement dans la « farce tragique » : il fait rire comme un clown, un pitre aristocratique, à la Chaplin, à la Keaton, et il est déchirant comme un héros shakespearien, un Lear errant sur sa lande et cherchant désespérément le sens. L’humanité sourd de chaque geste, de chaque regard, de chaque intonation. Il se tient sur un fil, tel un équilibriste. Il ne bascule jamais dans le comique facile, mais détache tout ce qu’il y a d’irrésistible dans le personnage et les situations, sans jamais le ridiculiser. Il porte avec amour la méchanceté même d’André : il nous le donne à comprendre dans ses contradictions » ; « il redevient l’enfant qui réclame sa maman, qui veut sa maman, qu’elle vienne le chercher et qu’ils rentrent ensemble à la maison. Sobre et déchirant. À l’école d’Eugène Ionesco, des Chaises au Roi se meurt, Zeller sait que l’homme au seuil de la mort est un bébé en maillot… Robert Hirsch l’accomplit magistralement ». « N’est-on pas censé devenir, un jour, le parent de nos parents ? » interroge le Théâtre Hébertot, où se joue la pièce.  Mais, si l’on renverse le point de vue, « on n’accepte pas si facilement de devenir, un jour, l’enfant de nos enfants ». « Tantôt tendre et enfantin, tantôt irascible, blessant et d’une totale mauvaise foi, André est aussi vulnérable et fragile », écrit Agevillage. « S’il regrette sa fille disparue, celle qui ne vient plus le voir, pourtant sa préférée, il ne reconnaît pas Anne, celle qui le veille chaque jour, s’épuise à chercher la meilleure solution, à recruter des aides à domicile, lui est dévouée corps et âme, au point d’annuler ses vacances et de mettre ses couples successifs en péril ». 

Robert Hirsch a quatre-vingt-sept ans. La première de la pièce a été retardée de quinze jours, suite à une chute dans le théâtre, et deux côtes cassées. Que dit son corps quand il doit monter en scène ? « Il rechigne un peu : j’ai subi une seconde opération de la hanche, ça tire un peu, mais ça ira. De toute façon, en scène, ça va toujours. Tout est amorti, la douleur n’existe pas », répond-il. Et la mémoire ? « Elle n’a jamais été un problème. Je n’ai eu aucun grand trou, uniquement des petits, un mot pour un autre et hop ! le public ne voit rien… ».

www.lefigaro.fr, 4 octobre 2012. http://theatrehebertot.com/, octobre 2012. Le Parisien, 15 novembre 2012. www.lexpress.fr, 12 septembre 2012. www.agevillagepro.com, 5 novembre 2012.

www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=U9ai1RhSS1Y (extrait vidéo).