21 jours… inoubliables, d’Alexandra Alévêque et d’Alexis Marant (2)

Société inclusive

Date de rédaction :
23 novembre 2012

Novice dans l’accompagnement des personnes âgées, Alexandra Alévêque a d’abord partagé le quotidien d’aides à domicile. « C’est une profession aux contours encore flous. Les vocations manquent, et les formations sont rares. Les besoins sont pourtant énormes : 70% des malades d’Alzheimer vivent encore chez eux. Recevoir une aide à domicile est pour eux décisif et permet d’éviter le placement ». Alexandra a ainsi rendu visite à Jeanne, quatre-vingt-sept ans, pétillante et gaie, mais qui ne reconnaît plus sa propre rue. Elle a suivi Marion et Hélène dans leurs tournées. Des aides à domicile qui prennent leur travail à cœur et veillent au jour le jour sur leurs « petites dames ». Alexandra a aussi secondé Nathanaëlle et Catherine, qui travaillent, quant à elles, dans un accueil de jour parisien, pour « jeunes malades d’Alzheimer ». Leur rôle est de tenir la mémoire en éveil avec des tâches simples : mettre le couvert, ranger un jeu de société… « Mais quand les souvenirs s’en vont, le moindre geste devient une épreuve. Comment déjeuner normalement, quand on ne connait plus la fonction d’un verre ou d’une fourchette ? » Auprès de Nicole, Michel, Dorothée et les autres, Alexandra a mesuré à quel point cette maladie fragilise ceux qu’elle frappe. « On est cabossés, mais quand même, on est encore là… », philosophe Dorothée, qui comme les autres s’accroche pour ne pas perdre pied. En établissement, dans une unité spécialisée Alzheimer, la journaliste a « pris soin d’hommes et de femmes désormais incapables de vivre chez eux. Pour ces cas sévères, l’entourage, épuisé et parfois culpabilisé, a jeté l’éponge et accepté de confier la mère ou l’époux. Ils s’appellent Félix, Angèle ou Lucienne, et même s’ils n’ont plus toute leur tête, Alexandra Alévêque se souviendra longtemps de leur présence ».