Henry, de Yan England
Société inclusive
Un pianiste de quatre-vingt-quatre ans atteint de la maladie d’Alzheimer cherche son épouse disparue mystérieusement. Il a oublié qu’elle était décédée. Parmi les films nommés pour l’Oscar du meilleur court-métrage de fiction, le film Henry, du réalisateur Yan England, questionne les rapports entre la maladie d’Alzheimer et le couple. Dans le Nouvel Observateur, le sexologue André Dupras rappelle qu’ « une vie sexuelle active est pensable mais surtout possible » pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer : « si la médiatisation de la maladie d’Alzheimer et de ses symptômes a contribué à exorciser la peur de cette pathologie et des malades qui en souffrent, il demeure une dimension de leur vie difficile à envisager : la sexualité. Dans l’imaginaire collectif, la vie sexuelle de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer est impensable car les troubles cognitifs viendraient accentuer le supposé désintéressement naturel des personnes âgées à l’égard du sexe. Leur sexualité deviendrait invisible comme si elle était disparue… morte.
Dans ce contexte, toute expression de la sexualité par une personne atteinte d’Alzheimer est surprenante et jugée anormale. Les manifestations de la sexualité chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ne seraient pas souhaitables, d’autant qu’elles ne sont plus sous contrôle : le malade peut exprimer des désirs profonds habituellement refoulés qui échappent à la raison. Convaincus que la sexualité de ces personnes est impensable, dans le sens d’inadmissible, les acteurs sociaux s’évertuent donc à “asextiser” leur environnement. » Pour le sexologue, « il n’est pas facile d’accepter que la maladie d’Alzheimer a changé la personne, qu’elle est différente de ce qu’elle était avant la maladie. Si des proches finissent par ne plus la reconnaître comme un être humain, il devient d’autant moins pensable de la considérer comme un être sexué ayant des attirances sexuelles et souhaitant une relation affective. Pourtant, il est encore “en vie” malgré ses absences ; il demeure animé par des désirs devant être assouvis dans la dignité. Actualiser sa vie sexuelle suppose qu’il soit reconnu comme un être vivant… avec les autres. N’oublions pas que, la sexualité, c’est la vie ! »