Le prix des boîtes, de Frédéric Pommier (2)

Société inclusive

Date de rédaction :
16 mars 2013

« L’écriture de Frédéric Pommier est parfois grinçante, jamais vulgaire et le rire est toujours sous-tendu », poursuit Stéphane Capron. « Une soupape nécessaire pour éviter l’écueil du pathos et faire face à la violence de la réalité. Plus on avance dans l’action de la pièce, plus on est ému par l’état de santé de la Grande qui va peu à peu perdre pied et s’enfoncer dans la maladie. Francine Bergé est éblouissante de tendresse tandis que Catherine Hiegel la couvre d’amour. Les deux actrices sont à l’unisson. Autour de ces deux sœurs gravitent d’autres personnages, sortes de rapaces qui attendent la mort pour se servir. Il y a une tutrice un peu dingue et névrosée (excellente interprétation de Sophie Neveu), un médecin qui se balade avec un club de golf (Francis Leplay), un voisin transgenre (Raoul Fernandez) et une auxiliaire de vie (Liliane Rovère). »

« Le prix des boîtes », c’est l’argent dépensé pour nourrir les chats, explique Philippe Chevilley, des Echos. « Mais c’est aussi le coût des cercueils qui attendent la Grande et la Petite, deux sœurs restées “vieilles filles”, installées dans des maisons voisines. Au début de la pièce, elles se houspillent sans cesse, mais elles ont l’air de bien s’aimer quand même et leur vie s’écoule sans drame. Puis la Grande est frappée par la maladie d’Alzheimer, la Petite, rattrapée par son cancer. Dans toute vie, il peut y avoir un âge d’or. Les deux femmes, elles, vont connaître leur âge de cendre, dans un monde décidément trop cruel, trop coûteux pour les vieux… Le spectacle présenté à Paris, au théâtre de l’Athénée, est courageux : aborder de front la vieillesse, la déchéance, l’incurie des institutions (« C’est horrible !» crie à l’envi La Grande) est un acte théâtral militant, assumé avec cœur par l’auteur, Frédéric Pommier, le metteur en scène Jorge Lavelli et les comédiens, Catherine Hiegel et Francine Bergé en tête. On en sort concerné, secoué, mais pas vraiment convaincu. La faute au texte, qui reste entre deux eaux », estime Philippe Chevilley, qui souligne « la performance des sœurs : Francine Bergé (La Grande), douce vieille dame un peu illuminée changée en bête blessée, en cri de douleur ; Catherine Hiegel (La Petite), virago soupe au lait et bravache, devenue océan de compassion et mère courage. Ces deux grandes comédiennes au sommet de leur art feraient presque oublier, au final, les défauts du spectacle. Qui par sa sincérité et son engagement mérite le détour ». 

www.sceneweb.fr/2013/03/le-prix-des-boites-la-belle-ode-a-la-vieillesse-de-frederic-pommier/, 22 mars 2013. Pommier F. Le Prix des boîtes. Arles : Actes Sud. Février 2013. 64 p. ISBN 978-2-330-01432-2. www.actes-sud.fr/catalogue/pieces/le-prix-des-boites.