« J’ai toujours peur du regard des autres »
Société inclusive
Âgée de quarante-neuf ans, Annie est atteinte de troubles cognitifs. Elle reçoit chaque semaine la visite de Lucie Grosjean, auxiliaire de vie sociale spécialisée dans la stimulation des activités cognitives, avec qui elle réapprend à apprécier ses activités autrefois favorites, dans le cadre de séances à domicile organisées par l’association Garde de Nancy (huit cents salariés). Annie témoigne : « j’ai dû arrêter de travailler en 2009. Mon médecin n’a pas voulu que je continue mon travail d’aide-soignante, même avec un aménagement de poste. Il voulait que je vive dans un cadre apaisant, car le stress accélère la maladie. Ça a été terrible pour moi. J’ai également dû arrêter de conduire et apprendre à vivre autrement. Je suis passée par des moments très difficiles, encore aujourd’hui. Et c’est maintenant les devoirs de mon fils que je ne peux plus faire, car ça me cause trop d’angoisse. J’ai le sentiment que la maladie m’enlève encore quelque chose ». Au quotidien, « se retrouver face à la maladie est toujours une épreuve », poursuit Annie. « L’autre jour, je suis allée chez le coiffeur. Au moment de régler, la coiffeuse m’a dit que je venais de payer. Je ne m’en souvenais déjà plus. Ce sont des petites choses comme celles-là qui me renvoient toujours plus à ma maladie. J’ai toujours peur du regard des autres, peur aussi que la maladie se voie sur mon visage. C’est une chose que je redoute énormément. »
Doc’Alzheimer, janvier-mars 2013.