Le quotidien est usant

Société inclusive

Date de rédaction :
16 mars 2013

La journaliste évoque un autre cas, celui de Mireille qui, elle, n’a plus le temps de s’écouter : son époux, octogénaire, souffre de multiples pathologies sur lesquelles s’est greffée la maladie d’Alzheimer. Dans son quotidien, plus de place pour l’improvisation. « Tout est programmé : le lever, la toilette, le coucher, la visite des infirmiers. » Autant d’intrusions dans son intimité. « Tout tourne autour de lui. J’ai dû faire le tri dans mes activités, ne garder que ce qui me fait du bien. » Mireille attend le printemps pour pouvoir de nouveau jardiner, « même s’il faut surveiller toutes les cinq minutes ce qu’il est en train de faire ». Si le couple s’autorise encore quelques promenades, il a perdu toute vie sociale. Plus de sortie au restaurant, de vacances. Seulement des repas dans le silence à la maison. « Le soir, on mange devant la télévision, pour avoir une présence. C’est ça le plus difficile, se sentir toujours seule. » Mais Mireille s’oblige encore à afficher un sourire sur son visage. « Même s’il faut patauger et si je pleure souvent. » Ce qu’elle voudrait aujourd’hui, c’est se rapprocher d’une association. Pour échanger avec d’autres comment vivre avec la maladie « mais aussi pour parler d’autre chose, pour me déconnecter, pour me rebooster ». Car le quotidien est usant. « C’est sûr, je dois y perdre ma santé et sans doute quelques années de ma vie. » Mais elle ne peut se résoudre à “placer” définitivement celui qui partage sa vie depuis trente-cinq ans. « Bien sûr, je serai alors libre de mes mouvements. Mais pas dans ma tête. »

Le Républicain lorrain, 25 mars 2013.