Un an après : comment faire ce qu’on veut, si on ne sait pas clairement ce qu’on veut ?

Société inclusive

Date de rédaction :
16 mars 2013

Il y a un an. Swapna Kishore a perdu sa mère, atteinte de maladie d’Alzheimer. Depuis Bangalore (Inde), elle partage son expérience avec d’autres aidants sur son blog destiné aux aidants, elle écrit : « Je n’avais fait aucun projet de vie après la mort de ma mère, parce que de tels projets ou rêves auraient pu me distraire de mon rôle et m’amener à ne pas apprécier mon travail d’aidant et ma responsabilité. J’avais quelques vagues idées sur des choses que j’avais envie d’essayer, mais rien de clair, de tangible, de prioritaire. Après sa mort, de nombreuses personnes m’ont dit que je pouvais maintenant faire tout ce que je voulais, maintenant que j’étais « libre » et « sans attaches ». Mais le retrait de quelques activités et responsabilités quotidiennes ne confère pas automatiquement l’état d’esprit et l’énergie pour utiliser les espaces ainsi dégagés. Comment faire ce qu’on veut, si on ne sait pas ce qu’on veut ? « . « Un problème majeur auquel je suis confrontée est le manque d’énergie », poursuit Swapna Kishore. Toute ma vie, sauf peut-être à une époque où j’ai été gravement malade, j’ai toujours eu beaucoup d’énergie. Ce n’était pas toujours de l’énergie positive, parfois elle était excessivement négative, mais l’énergie en soi ne manquait jamais. L’an passé, j’ai été si peu tonique qu’il m’arrive d’avoir peur que je ne retrouverai jamais ni ma volonté (drive), ni mon énergie, et que j’ai changé de façon irréversible. Même les sorties et les vacances sont fatigantes. Je sors, et même si je passe un moment agréable, je ne me sens pas fraiche et dispose lorsque je rentre chez moi ; au contraire, j’ai le sentiment d’avoir travaillé dur à mon “projet de plaisir” (project enjoyment) et que j’ai besoin de vacances pour me remettre. J’ajouterais que chaque aidant est différent, comme l’est chaque situation d’aide. Le chagrin et la perte, et le processus de guérison, de récupération et de réhabilitation varient d’une personne à l’autre, mais il y a des points communs. J’ai eu beaucoup de chance, dans la mesure où je suis en contact avec d’autres aidants qui font face au deuil, et je sais que ce que je vis n’a rien d’exceptionnel, ni en étendue ni en intensité. De nombreux aidants, des mois ou des années après la perte, continuent à se sentir anxieux ou désorientés et restent incertains quant à leurs projets futurs. Le plus fort impact s’observe chez les personnes dont la vie et l’activité d’aide étaient intriquées, et qui ont vécu de près la détérioration sévère. Même au sein de la même famille, les autres qui n’étaient pas aussi impliqués ou aussi proches de la personne décédée récupèrent à un rythme ou selon des voies différentes. Malheureusement, ce processus de récupération et de réajustement étant intérieur et privé, il est courant que les autres sous-estiment sa durée et son intensité ».