Poésie Mai 2013

Société inclusive

Date de rédaction :
16 avril 2013

Susanna Howard, poète, s’est assise et a attendu vingt minutes en silence qu’Ellen, atteinte de démence au stade sévère, se mette à parler. La communication verbale est une lutte pour Ellen, qui finit par murmurer : « humaine ». Susanna Howard commence à prendre note. Au fil du temps, grâce à elle, les propos d’Ellen prennent une forme totalement nouvelle. Le premier poème s’appelle « Roi ou Reine » : « On appelle cela “l’état de santé”. Vous ne devez pas juste dire “Bonjour”, “Bonsoir”. Cela rapetisse la relation. Essayez et appréciez, intérêt, tendresse, conscience, confiance. Le fait que vous partagiez avec eux élève le sentiment. “Me sens mieux déjà”. Nous rend humain. Pas juste un imbécile (not just a dummy). Faites semblant que vous avez tout le temps du monde ». Un second poème est intitulé « ticking » (tic-tac) : « Après votre départ, c’est calme. Mais mon cerveau marche toujours. Je dis ce que je pense (I speak my mind), ce que je ressens. Cela vient naturellement. Tout le monde peut l’avoir. Vous êtes une personne humaine, c’est tout. Mon cerveau fait toujours tic-tac. C’est très ordinaire, c’est fréquent. Mon cerveau est toujours chaud. Curieux (inquisitive). Tournez la page, faites-le lire. Pas tout moi, moi, moi. Après votre départ, c’est calme. Mais mon cerveau travaille encore, marche encore, fait toujours tic-tac, est encore chaud ». Susanna Howard prépare un livre mettant en avant des poèmes de personnes atteintesde démence. Elle donne les conseils suivants aux personnes qui souhaitent améliorer la communication avec leur proche malade : prenez soins de vous ; ne recherchez pas la perfection ; ne fuyez pas devant le silence ; soyez présent ;