Retrouver pas à pas le sens de sa vie (1)
Société inclusive
Comme dix autres personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, et venues des quatre coins du Japon, Monsieur Adachi, soixante-quatre ans, participe à « la randonnée du Mont Miiké », montagne haute seulement de trois cent quatre-vingt-huit mètres, mais dont l’ascension n’est pas dénuée de difficultés. Cette randonnée, organisée en mars dernier par la ville d’Omuta dans l’île de Kyushû, est destinée à permettre aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et âgées de moins de soixante-cinq ans de consolider leur état de santé. Outre les dix participants, elle a mobilisé environ cent cinquante personnes. Au sommet du Mont, Madame Adachi regarde en souriant son mari déclarer fièrement : « Finalement, pour moi, ce n’était pas très difficile à grimper car je pratique, assidûment, la marche à pied. Monsieur Adachi occupait un poste de cadre à la mairie d’Omuta. En 2005, il constate qu’il souffre de troubles de mémoire de plus en plus fréquents et, en 2006, les médecins diagnostiquent une maladie d’Alzheimer. Trois ans plus tard, il doit partir en pré-retraite. La perte de son travail, auquel il était très attaché, est ressentie très douloureusement par Monsieur Adachi. Après une période de dépression, Monsieur Adachi décide de se ressaisir et d’essayer de redonner un sens à sa vie. Tout d’abord, en pratiquant la marche à pied. Ensuite, à partir de 2011, en accompagnant les personnels du centre d’accueil de jour qu’il fréquente, vendre sur les marchés les légumes que l’établissement produit, activité modestement rémunérée (environ 4 euros), mais qui répond à son goût pour le travail. Enfin et surtout, en organisant avec sa femme, dans tout le Japon, des conférences destinées à mieux faire connaître la maladie d’Alzheimer et comment il tente de freiner sa progression.
Yomiuri Shimbun, 9 avril 2013. Texte original en japonais. Traduction française de Kyoko Ito-Siegel.