Euthanasie : un enjeu électoral (3)

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
16 mars 2012

Pour Jean Leonetti, « les socialistes ont le devoir d’indiquer clairement leur choix : changer la loi en légalisant l’euthanasie ou appliquer la législation actuelle. Nous choisissons la deuxième option car l’euthanasie n’est pas l’aboutissement des soins palliatifs, elle en est la rupture. L’acte médical ne peut pas être un acte de tuer. Quand la société accepte de donner la mort aux plus vulnérables, même à leur demande, elle va à l’encontre du principe même du droit à la vie qui est le fondement de nos valeurs ». Ce même principe qui, selon Robert Badinter, constitue « le fondement contemporain de l’abolition de la peine de mort » car « personne ne peut disposer de la vie d’autrui». Pour Jean Leonetti, « la loi actuelle, votée à l’unanimité en 2005, contient deux principes : le non-abandon et la non-souffrance. Elle condamne l’acharnement thérapeutique et permet, par la pratique du « double effet », d’accepter qu’en fin de vie, la qualité prime sur la durée de la vie. Le traitement, même s’il est susceptible de raccourcir la vie, doit viser à supprimer toute souffrance. Il ne s’agit pas d’une hypocrisie mais d’un devoir de soulagement et d’accompagnement défini par la loi. L’hypocrisie est de ne pas utiliser les mots d’euthanasie ou d’injection létale et de se réfugier derrière les mots de « dignité » et « d’aide à mourir ». Albert Camus disait que « mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur au monde ». Ce débat traduit l’opposition de deux éthiques. D’un côté, une éthique de l’autonomie qui place le choix individuel au-dessus de tout : « Moi seul décide de ma vie et la société doit se plier à ce choix. » De l’autre côté, une éthique de la vulnérabilité qui relève d’une solidarité collective et privilégie le soulagement du patient et son accompagnement : « Nous ne t’abandonnerons pas et nous ne te laisserons pas souffrir ». Dans ce conflit de valeurs, nous choisirons toujours la solidarité ». Jean Leonetti rappelle que la loi actuelle n’est pas assez connue et mal appliquée. « Redoublons d’efforts pour la faire connaître et développer une véritable culture palliative en France ». Selon l’Observatoire national de la fin de vie, « des dérives existent dans les pays qui ont dépénalisé l’euthanasie (un tiers d’euthanasies clandestines). Ces Etats ne représentent d’ailleurs que 10% de l’Europe alors que les autres pays ont calqué leur loi sur les propositions françaises ».

www.agevillagepro.com, 26 mars 2012. www.lcp.fr/tags/euthanasie, 3 et 22 mars 2012. Libération, 23 mars 2012.