Euthanasie : un enjeu électoral (2)

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
16 mars 2012

Participant au rassemblement d’ADMD, qui a réuni entre mille et deux mille personnes à Paris, Jean-Luc Mélenchon s’est déclaré favorable à l’inscription, dans la Constitution, du droit de « décider de sa propre fin et d’être assisté quand on en décide », un droit à « décider d’éteindre soi-même la lumière ».  Eva Joly a souhaité « aller au-delà de la loi Leonetti » et propose d’instaurer « une aide active à mourir » strictement encadrée. Le projet de François Hollande, quant à lui, permettra « d’aider à mourir », sous de strictes conditions, une personne en fin de vie atteinte d’une maladie incurable, explique Marisol Touraine, responsable du pôle social-santé-personnes âgées du Parti socialiste : « Nous constatons que la loi dite Leonetti de 2005 permet le laisser mourir. Aujourd’hui, il s’agit de permettre d’aider à mourir. La frontière est certes ténue, et les modalités seront à discuter avec tous les acteurs. Il s’agit de fixer un cadre très strict de recueillement du consentement de la personne », a-t-elle déclaré, ainsi que « d’encourager les directives anticipées, comme la désignation des personnes de confiance, de garantir, aussi, le dialogue entre le médecin, les soignants, le malade et sa famille » et « respecter, bien sûr, l’objection de conscience pour le médecin ». Elle espère toutefois que le plus de malades possible « trouveront un soulagement et une envie de vivre quand même, avec des soins palliatifs ou curatifs ». « Mais pour les autres ? » S’interroge-t-elle : « Qui peut se substituer à un malade qui constate que la façon dont il vit ne correspond pas à sa conception de la vie ? » Dans ses soixante engagements pour la France, François Hollande propose que « toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander dans des conditions précises et strictes à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Nicolas Sarkozy s’oppose fortement à une modification de la loi Leonetti qui « fixe un principe, celui du respect de la vie », alors que « l’euthanasie légalisée risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux ». Cette position est partagée par François Bayrou. Pour l’Alliance Vita, la mise en œuvre de la mesure de François Hollande « ferait basculer la France dans un régime de défiance entre soignants et soignés ». « Le fait qu’un soignant puisse provoquer délibérément, en toute légalité la mort » serait une « terrible régression ». 

www.agevillagepro.com, 26 mars 2012. www.lcp.fr/tags/euthanasie, 3 et 22 mars 2012. Libération, 23 mars 2012.