In memoriam : Geneviève Laroque

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
01 septembre 2012

« Vieillir est encore le seul moyen qu’on ait trouvé pour ne pas mourir jeune », écrivait-elle dans le numéro spécial de Gérontologie et société intitulé Prévention et vieillissement de septembre 2012. Geneviève Laroque, disparue à l’âge de quatre-vingt-deux ans, était une figure emblématique de la gérontologie en France. Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, a salué « une humaniste reconnue, femme de conviction unanimement respectée et animée d’une véritable culture du débat ». Michèle Delaunay, ministre  déléguée aux Personnes âgées et à l’autonomie, décrit une « femme de cœur, libre, engagée », qui a travaillé « sans relâche pour que chacun puisse avancer en âge dans la dignité et selon les grands principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité ». Emmanuel Hirsch, directeur de l’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer (EREMA), évoque une « personnalité marquante, engagée comme quelques êtres d’exception dans un combat auprès des plus vulnérables, au nom des les valeurs de notre démocratie. Fougueuse, résolue, constante dans des positions souvent audacieuses, je retiens l’image d’une femme attentive, attentionnée et infiniment juste ». Cousine de Pierre Laroque, l’un des pères fondateurs de la Sécurité sociale, cette énarque de formation, inspectrice générale des affaires sociales, n’a commencé à s’investir dans la gérontologie qu’en 1975, après vingt-deux ans de carrière dans divers ministères, lorsqu’elle a accepté de prendre la responsabilité des établissements de long et de moyen séjour à l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) à une époque où « les salles communes étaient la norme ». Elle y a participé au vaste mouvement d’humanisation des hospices. Puis, inspectrice générale des affaires sociales, elle a publié plusieurs rapports notables sur les soins palliatifs dès 1985, sur les personnes âgées dépendantes en 1989, sur le vieillissement des personnes handicapées en 1995. Elle a également été très active dans la dénonciation du phénomène de sur-psychiatrisation des personnes âgées. En tant que présidente de l’UNAFAM (Union nationale des amis et familles de malades mentaux), elle avait acquis « une double compétence » lui permettant de « comprendre de l’intérieur les conflits qui affleurent entre associations de personnes handicapées et de personnes âgées ». Elle était opposée à la notion de barrière d’âge. En 1991, elle était devenue présidente de la Fondation nationale de gérontologie. « Elle aura été de tous les combats, de toutes les réflexions, de tous les débats », écrit Luc Broussy, directeur de la publication du Mensuel des Maisons de retraite. « Elle aura été une énarque comme on n’en fera plus jamais. Elle aura passé son temps à combattre les idées reçues, à bousculer les évidences, à flairer les évolutions à venir. Elle aura fait avancer la cause des vieux en rédigeant maints rapports essentiels, en intervenant de façon tonitruante dans les colloques ou encore en présidant la Fondation nationale de gérontologie ».

Laroque G. Editorial. Prévention et vieillissement : modèles, expérimentations et mise en œuvre. Gérontologie et société, hors-série, septembre 2012. EHPA Dépendance-Le Débat, 19 septembre 2012. Actualités sociales hebdomadaires, 20 septembre 2012.