Quelle évolution pour les EHPAD ? (4)
Droit des personnes malades
Philippe Denormandie, directeur général adjoint de Korian, quatrième groupe français d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, estime que les EHPAD doivent modifier leur regard et bousculer leur concept de la dépendance, en étant davantage à l’écoute des besoins et des souhaits de chaque personne accueillie ; en se rapprochant de l’approche du secteur du handicap ; en développant une véritable contractualisation étroite, constructive, régulière avec son environnement ; en faisant évoluer les métiers et les organisations en compétence et en pluridisciplinarité. « Une infirmière doit, demain, pouvoir prescrire un certain nombre de médicaments et assurer un bilan gériatrique de niveau 1. Le rôle des aides-soignants sera élargi à une approche non pas exclusivement technique, mais beaucoup plus globale, avec non seulement une part aux activités de la vie quotidienne, mais aussi aux activités de plaisir et de divertissements. Les activités proposées par les éducateurs sportifs pour le maintien des conditions et des capacités physiques des personnes devront être reconnues comme des activités à part entières pouvant être prises en charge par le soin. » « Ces évolutions des compétences, dans le cas de délégations de tâches par exemple, s’appuieront sur les nouvelles technologies pour aider les professionnels dans leur exercice, grâce à un recours à une expertise sans avoir besoin, soit de déplacer le patient, soit de faire venir des professionnels extérieurs, notamment les médecins. » Philippe Denormandie conseille de s’inspirer de l’exemple allemand. Par ailleurs, il estime « impératif » que les EHPAD s’améliorent dans le domaine de la prévention : « il n’est pas acceptable que, pour chaque personne, l’évaluation du risque individuel et la prévention ne soient pas une priorité. Malheureusement, tout notre système de financement est axé sur le soin technique, et non préventif. Est-il normal que plus de 50% des personnes âgées n’aient pas de compensation de leurs déficiences sensorielles ? La meilleure prévention des chutes est la qualité de la vision, la meilleure prévention de la dépression est de pouvoir entendre… Cette prévention de bon sens doit être la priorité. C’est un défi que nous devons relever collectivement, et qui concourt à la démédicalisation. »
Le Journal du médecin coordonnateur, mai-juin 2013.