Soutenir ses parents, jusqu’où ? (2)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Aucune donnée d’enquête ne permet de rendre compte des inflexions à long terme de la mobilisation familiale. « Les transferts financiers au sein de la famille ne sont que très rarement ascendants : on évalue à moins de 5% la proportion d’individus aidant financièrement leurs parents âgés. L’aide à un parent dépendant prend essentiellement la forme de services, mais ainsi, elle contraint la vie professionnelle et/ou familiale et sociale ». Par ailleurs, soutenir un parent âgé accroît les symptômes liés à la dépression, essentiellement au sein de la population des hommes et des femmes mariés qui doivent conjuguer activité d’aidant et responsabilité familiale. L’aide aurait aussi des effets sur l’état de santé physique, les maladies cardiaques étant plus fréquentes chez les aidants que chez les non-aidants ». Le coût économique de l’aide informelle, estimé entre six et huit milliards d’euros par an selon les données de l’enquête Handicap-incapacités-dépendance 1998-1999, est évalué à 60% du total de la prise en charge, soulignant le poids économique considérable de l’aide familiale. Au final, conclut Roméo Fontaine, « on ne saurait réduire la question de l’articulation entre solidarités publiques et solidarités privées à un face à face entre un soutien collectif coûteux et un soutien familial gratuit pour les pouvoirs publics. Que l’on considère les effets sur l’offre de travail ou ceux sur l’état de santé, la production familiale de prise en charge s’accompagne de coûts, difficilement observables, dont il importe de tenir compte pour dessiner un système de protection sociale qui ne fasse pas reposer à outrance la prise en charge des personnes âgées dépendantes sur les familles ».
Fontaine R. Soutenir ses parents, jusqu’où ? Ceras-Projet 2012 ; 326 : 36-42. Février 2012.