Stimulation affective (2)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
« C’est vrai que pour la famille », poursuit Catherine Ollivet, « il est peut-être plus rassurant de croire que la personne n’est plus là, donc qu’elle ne souffre pas. Mais ces puissants flashs de présence, brefs mais entiers, montrent bien que les malades entendent tout, ressentent tout, même s’ils ne nous rendent rien en retour. C’est un peu comme lorsqu’une personne est dans le coma, bien que la situation soit médicalement très différente : lorsqu’elle sort du coma, elle raconte tout ce qu’elle a entendu, ressenti, en étant privée de la capacité de répondre. Savoir qu’il existe des médiateurs permettant ce retour, cette présence, est rassurant et permet de vivre ces stades difficiles de la maladie de façon plus sereine. Car il est épuisant intellectuellement et moralement pour les proches de parler dans le vide. Les familles sont souvent démunies face à leurs proches qui ne répondent pas : « Je dis quoi ? Je raconte quoi ? » Je conseille souvent aux aidants de s’asseoir à côté de leur proche, de lui prendre simplement la main et de se mettre à chantonner. Pas besoin d’être chanteur d’opéra. Il suffit de fredonner la chanson de leur première rencontre, ou le refrain qu’on entonne lors des fêtes familiales, ou un chant religieux et traditionnel de Noël. C’est accessible à tous : on peut faire « lalala » si on ne connaît pas bien les paroles, ou venir avec un lecteur de musique et faire écouter au malade ses chansons préférées ou l’enregistrement de chants d’oiseaux… On peut aussi apporter un gâteau à la vanille, même si le malade ne peut plus le manger. Respirer l’odeur de la vanille évoque des souvenirs d’enfance, de gâteau, de grand-mère. On peut également communiquer spirituellement en se tenant la main et dans le silence. Bien des choses très simples peuvent recréer du lien, sans qu’il soit nécessaire d’être un professionnel de l’animation. Elles apaisent la personne malade de son anxiété, de ses difficultés de vivre avec la maladie d’Alzheimer, et les proches, qui retrouvent alors l’être qu’ils aiment et connaissent ».