Ethique : le sens du soin (2)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Bruce Jennings, directeur du Center for Humans and Nature à Garrison (New York, Etats-Unis) est spécialiste en sciences politiques, enseigne à l’Université Yale de New Haven, et siège au comité consultatif d’éthique des centres épidémiologiques américains (Centers for Disease Control and Prevention). Dans une récente conférence, il s’interroge : « peut-il être sérieux de mettre côte à côte les deux mots démence et sens ? Certes, la démence est l’antithèse, l’effacement du sens, et avec cela de beaucoup de ce qui doit être humain. Si terrifiante que soit cette cruelle et implacable maladie, je pense que l’antithèse du sens n’est pas la démence en tant que telle, mais seulement la démence sans soin, ou avec une aide manifestement inadéquate, dans une société apeurée (frightened) et indifférente. Une aide bien comprise correspond étroitement à la notion d’amour selon le mot grec agapé : aider vise au bien de l’autre pour lui-même et reconnaît l’autre comme ayant une valeur intrinsèque. La prise en soins de la démence, comme toute autre situation d’aide, recherche le bien pour la personne aidée. C’est la différence entre l’aide ou le soin (care) et la surveillance (custodial). Je m’inquiète que dans le domaine de la prise en soins de la démence nous ne perdions de vue cette distinction : nous rétrécissons si strictement les frontières de notre conception à des objectifs de soins que nous les réduisons essentiellement à des objectifs de confort et de sécurité. Nous le faisons parce que nous réduisons la personne atteinte de démence du statut de sujet au statut d’objet, d’un corps entier flottant dans des manches vides ».
Jennings B. The Ethics of Meaning in Dementia Care Symposium on Palliative Care and Public Policy. New York Medical College. Valhalla, New York, 4 mai 2012.
http://nymc.mrooms.org/file.php/1/B_Jennings_The_Ethics_of_Meaning_in_Dementia_Care_5-4-12.pdf (texte intégral)