Prévention de la maltraitance

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
21 mai 2012

La Revue de gériatrie de mai 2012 consacre un dossier à la maltraitance. Si la violence est vieille comme le monde, le mot maltraitance apparaît pour la première fois dans le dictionnaire historique de la langue française Robert en 1987. L’antonyme bientraitance ne figure dans aucun dictionnaire, rappelle le Dr Pierre Delaunay, président d’ALMA 76. « Le concept de maltraitance a fait irruption dans notre histoire sociale, apparaissant comme un phénomène émergent, alors qu’il s’est simplement débarrassé de la chape de plomb qui empêchait, pour des raisons multiples et complexes, les auteurs, les victimes et les témoins de parler. Aujourd’hui encore, ce phénomène peine à être reconnu, même si de très nombreuses approches scientifiques, sociales et juridiques sont réalisées. Peut-être même fait-il peur, au point qu’on le cache, ou qu’on fait semblant de ne pas le voir ».

Pour le professeur Robert Moulias, président d’ALMA France, et Sophie Moulias, « la maltraitance des aînés vulnérables est liée à des facteurs sur chacun desquels il est possible d’agir » : la faiblesse de la victime ; l’inconscience des besoins de la personne et de son humanité, qui conduit à la négligence ; la fréquente ignorance de la bonne réponse à apporter au besoin ; l’isolement social, l’un des facteurs les plus sévères ; le silence par impossibilité d’accès à une écoute indépendante, par honte, peur des représailles ou des sanctions, qui garantit la pérennité de la maltraitance. « Un facteur humain est quasiment constant. Le plus souvent non intentionnel, il peut relever du sentiment de culpabilisation, de l’épuisement, de la routine, de l’abus de précaution ou de la bêtise. Parfois intentionnel, il peut impliquer des professionnels de la délinquance qui ciblent ce type de victimes. Mais à côté, l’occasion fait le larron et explique les abus « ordinaires » de citoyens sans trop de scrupules qui vont abuser de la faiblesse de leur proche ou de celui qui passe à leur portée ». Pour les auteurs, dans une très vaste majorité des cas, les voies efficaces de prévention et de « traitement » de la maltraitance ne sont pas des voies judiciaires. Le mot « maltraitance » ne correspond à aucun délit défini. « Ce sont les voies de la formation, de l’information, de la prise de conscience, de l’éthique professionnelle, des voies valorisantes et motivantes. Par contre, existe un noyau de maltraitances intentionnelles basées sur l’appât du gain, ou du pouvoir, ou une perversion qui relèvent de toute la sévérité de la loi sur l’abus de faiblesse. Cette sévérité de la loi actuelle n’est pas assez connue. Entre les deux persiste la difficile question : à partir de quel niveau une négligence devient-elle « coupable » ?  Nulle maltraitance n’est un « accident » inévitable. Toutes devraient être combattues ».

Delaunay P. La maltraitance des personnes vulnérables. Histoire, vocabulaire, contributions et vœux. Revue de gériatrie 2012 ; 37(5) : 317-322. Moulias R et Moulias S. Les six piliers de la maltraitance. Revue de gériatrie 2012 ; 37(5) : 331-337.