Répit à domicile : qu’en pensent les relayeuses ? (3)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
19 juin 2012

Thérèse Rodriguez témoigne : « nous apportons beaucoup de répit à l’aidant, mais la personne âgée malade nous apporte beaucoup aussi. A chaque fois, nous sommes une équipe de trois et nous nous relayons toutes les huit heures. Ce qui me déplaît dans ce dispositif, ce sont les horaires contraignants : six heures le matin, dix heures le soir. C’est la seule chose qui soit difficile pour une femme : partir loin parce que nous faisons beaucoup de kilomètres. Nous sommes parties deux fois dans les régions rurales et là, c’est très difficile quand il y a de la neige sur les petites routes ». Esther Leroy déclare : « ce métier nous apporte beaucoup de richesses personnelles et professionnelles. Je pense que dans un relais, l’aidant prend du répit mais l’aidé aussi en même temps. J’ai été présente à des retrouvailles très joyeuses, quand l’aidant rentre à la maison et que l’aidé le voit : il attend avec impatience, on le voit. Je pense que tout le monde est content. Toutes les parties sont gagnantes à la fin du relais ». Pour Solange Cyicarano, le métier de relayeuse consiste en un accompagnement dans les actes essentiels de la vie quotidienne. « La personne atteinte de la maladie d’Alzheimer a quand même le droit de continuer de mener une vie sociale si son état le permet, c’est très important. Une chose paraît difficile dans ce métier : on se demande comment communiquer au quotidien avec ces personnes qui, quand même pour la majorité, ont perdu la capacité de s’exprimer, ou même de comprendre notre langage » : pour la relayeuse, « en cas de difficulté de compréhension, nous sommes là pour utiliser notre langage corporel : par la voix par exemple, le toucher, l’expression de notre visage. Nous arrivons quand même à communiquer. C’est essentiel. A défaut de communication, c’est le moment où on est confronté à des situations d’agressivité de la personne et d’opposition : là, cela devient difficile. Avec l’expérience, nous sommes arrivées à une situation où nous n’avons plus d’appréhension dans l’exercice de ce métier. Nous arrivons à communiquer avec ces personnes parce que, si la communication manque, nous retrouvons l’épuisement de l’aidant familial et l’aggravation de la maladie chez la personne, et donc son isolement ». 

CLEIRRPA. Care à domicile. Familles, aidants, aidés : qui est « professionnel » ? Hors-série, Mai 2012.