« La question de la fin de vie n’appartient pas aux médecins »

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
18 juillet 2012

Sans prononcer le mot d’euthanasie, et tout en estimant nécessaire de développer davantage les soins palliatifs, le président de la République a relancé le débat sur la fin de vie : « peut-on aller plus loin [que la loi actuelle] dans les cas exceptionnels où l’abstention thérapeutique ne suffit pas à soulager les patients aux prises avec une douleur irréversible et qui appellent un acte médical assumé au terme d’une décision partagée et réfléchie », interroge François Hollande. « Poser cette question, c’est ouvrir une perspective qui elle-même entraîne un débat », lequel « mérite d’être engagé et doit se faire dans l’apaisement ». Pour mener la concertation, il a nommé le professeur Didier Sicard, président d’honneur du Comité national consultatif d’éthique. Celui-ci estime qu’il s’agit « d’une mission presque impossible, parce qu’elle est au cœur d’un affrontement de cultures qui, sous des apparences feutrées, est d’une extrême violence ». Pour dépasser un raisonnement binaire (vouloir donner la mort à la demande de la personne ou vouloir maintenir la vie à tout prix), le Pr Sicard plaide « pour que le débat soit plus sociétal que médical : il faut aller à la rencontre de ceux qui ne parlent jamais, et non reconstituer un puzzle avec ceux que l’on connaît déjà. Je vais chercher à tout prix à me tourner vers les citoyens. Je veux comprendre ce que les cadres, les ouvriers, les paysans pensent. Cela permettra aussi de parler de façon plus large, et d’éviter une discussion figée par les positions pro ou anti-euthanasie. Il faut aller chercher les naïvetés sur la question, plutôt que les jugements abrupts ». Le Pr Sicard estime que la question de la fin de vie n’appartient pas aux médecins ; « s’ils n’avaient pas monopolisé la réflexion, les débats seraient peut-être de meilleure qualité ». « Nous devons faire en sorte que la société, solidaire, prenne en compte ce moment. Que ce soit, comme le font les soins palliatifs, un moment de sérénité et non un moment d’abandon. Il n’est pas impossible qu’ « alors, dans une situation individuelle totalement insupportable et face à une demande, il puisse être apporté une facilité à mourir ».

Treize sénateurs, emmenés par Jacques Mézard, ont déposé le 31 juillet une proposition de loi relative à l’assistance médicalisée pour mourir, avec en exergue une citation de l’Agamemnon du philosophe latin Sénèque (4 avant. J.-C – 65 après J.-C.) : « Y a-t-il plus cruel supplice que la mort ? Oui, la vie quand on veut mourir. »

Le Monde, 19 juillet 2012. Sénat. Mézard J et al. Proposition de loi n°735 relative à l’assistance médicalisée pour mourir. 31 juillet 2012. www.senat.fr/leg/ppl11-735.pdf(texte intégral).