Âgisme : un concept pertinent pour penser les pratiques de soins ?
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Pour les organisateurs du colloque « La Cause des aînés », l’âgisme est un « véritable racisme anti-âge ». « Notre société mercantile se polarise sur le « vieillir jeune », sur l’évaluation, et fait l’apologie de la normativité et de l’adaptation. La société que nous voulons préserver est au contraire celle du respect de la singularité et des différences, une société qui tire un bénéfice humain à prendre de l’âge ». Annie de Vivie, sur Agevillage, fait le parallèle entre naître et mourir, deux étapes clés de la vie qui posent la question de l’accompagnement. « On sait aujourd’hui qu’on n’accueille pas un nourrisson sans le toucher, lui parler, le caresser. On sait moins que la fin de vie doit être accompagnée de la même manière ». « Marteler que les soignants prennent soin d’êtres humains et non d’objets de soin est une évidence récente. La médicalisation, dans sa dimension purement technicienne a été battue en brèche et nous avons pris conscience au fur et à mesure que le bébé était une personne qu’il fallait traiter comme telle. Mais qu’en est-il aujourd’hui des vieilles personnes notamment quand elles sont atteintes de pathologies neuro-dégénératives, quand elles vont bientôt mourir ? », s’interroge-t-elle.
Pour Marie Masse et Philippe Meire, de l’Institut de recherche en sciences psychologiques de l’Université catholique de Louvain (Belgique), « l’âgisme influence les attitudes des soignants, à leur insu, à trois niveaux : celui des croyances et des stéréotypes à propos du vieillissement ; celui des préjugés émotionnels ; celui des comportements parfois discriminatoires à l’égard des personnes âgées. Dans les établissements accueillant des personnes âgées fragilisées par des déficiences physiques et/ou cognitives, les stéréotypes négatifs sur le vieillissement sont particulièrement actifs. Les stéréotypes âgistes représentent une réelle menace pour l’indépendance cognitive et fonctionnelle des personnes âgées. Les formations en gérontologie devraient mettre l’accent sur l’hétérogénéité des vieillissements pour contrer l’effet réducteur des stéréotypes liés à l’âge. L’âgisme prend racine dans le valeurs dominantes de notre société (productivité, indépendance, peur de la mort), ce qui nécessite une prise de conscience et une attitude réflexive de la part des professionnels de la santé travaillant auprès de la population âgée ».
www.cause-des-aines.fr/objectif.php, 20 octobre 2012. www.agevillagepro.com, 23 octobre 2012. Masse M et Peire P. L’âgisme, un concept pertinent pour penser les pratiques de soins aux personnes âgées ? Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2012 ; 10(3) : 297-305. Septembre 2012. www.jle.com/fr/revues/medecine/gpn/e-docs/00/04/7B/7E/resume.phtml.