A-t-on son mot à dire sur le lieu où finir sa vie ? (1)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 octobre 2012

Marie Francoeur, docteur en sociologie, qui dirige une unité de soins de longue durée (USLD) et un établissement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) au Centre mutualiste de Saint-Martin-d’Hères (Isère), rappelle que, selon la charte européenne de la personne âgée dépendante, « toute personne dépendante garde la liberté de choisir son mode de vie, et que le lieu de vie de la personne dépendante doit être choisi par elle et adapté à ses besoins. Cependant, dans les faits, l’admission est souvent décidée par la famille ou l’aidant familial. Faute de mesures légales spécifiques aux établissements d’hébergement, l’institutionnalisation des personnes qui ne peuvent pas s’exprimer ou qui expriment un désaccord semble gérée sur le modèle des soins psychiatriques sans consentement. C’est une zone de non-droit, selon l’expression de Marie Francoeur. Pour que la parole des personnes soit mieux respectée et pour éviter les risques évoqués plus haut, c’est donc à l’institution de se poser des questions avant d’accepter l’admission d’un résident : « La personne connait-elle la démarche dont elle est l’objet ? Est-elle en capacité de décider pour elle-même ? Si elle n’est pas en capacité, peut-elle le redevenir ? Qu’en est-il du maintien à domicile ? Est-elle en danger chez elle ? Si la personne refuse, est-elle constante dans son refus ? » Pour la sociologue, « quand les personnes sont ambivalentes et changent d’avis, il est possible de leur donner un temps de réflexion. Quand la famille est épuisée et que la maltraitance ou l’abandon pointent à l’horizon, il convient de l’écouter et de reconsidérer les conditions du maintien à domicile, y compris dans sa dimension financière. Quand les enfants sont convaincus de la nécessité de l’entrée en hébergement de leur père malade pour protéger leur mère qui prend soin du premier au risque d’y laisser sa santé ou inversement, il faut au besoin les aider à accepter que leurs parents aient le choix du chemin à prendre pour s’accompagner mutuellement.

CNSA. Dossier scientifique. Deuxièmes rencontres scientifiques de la CNSA. Aide à l’autonomie et parcours de vie. Synthèse du colloque des 15 et 16 février 2012.  Septembre 2012.

www.cnsa.fr/IMG/pdf/Aide_a_lautonomie_et_parcours_de_vie.pdf(texte intégral).