Au-delà des mots, attester de l’identité
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Roger Gil, professeur honoraire de neurologie à l’université de Poitiers, explique : « L’évolution se fait vers la mort dans un délai de six à douze ans. Amputé de sa mémoire, ne recevant du monde que des informations chaotiques, ne bredouillant que des mots inadéquats ou incompréhensibles, ne sachant plus que faire de ses mains devenant inutiles, ne reconnaissant apparemment pas son entourage, bientôt incontinent, le malade perdra, à l’extrême de son évolution, la première acquisition de l’être humain : la capacité à sourire. Encore faut-il se garder de ne pas en rester aux apparences : que veut dire ne pas reconnaître son entourage ? Que veut dire bredouiller des bribes de phrases incohérentes ? Une accélération du rythme respiratoire, un frémissement de la main ou du visage peuvent, au-delà des mots, manifester la perception d’une présence affectueuse même si le malade lui-même est devenu incapable d’attester une identité dont il ne peut porter nul témoignage. La description des principaux troubles qui affectent la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer permet déjà de pressentir que le risque identitaire n’est pas du même ordre que celui qui affecte le vieillissement normal.
Gil R. Vieillissement et Alzheimer – Comprendre pour accompagner. Novembre 2012. Paris : L’Harmattan. 136 p. ISBN 978-2-336-00294-1. www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=38494